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Le jour le plus long

Lydie | Publié le mar 5 Juin - 12:43 | 2333 Vues

Le jour le plus longLe 27/03/2017 à 11h18 par Archives MancheRésumé

Le Jour le plus long est certainement le film sur le Débarquement le plus emblématique. Il est en effet de ces longs-métrages que vous avez visionnés des dizaines de fois et que vous pensez connaître dans ses moindres détails. Il réserve pourtant encore quelques surprises.

Le tournage du film réalisé et produit par Darryl Zanuck d’après l’ouvrage de Cornélius Ryan débute à l’été 1961. Si toutes les scènes sont loin d’être toutes tournées en Normandie, le Calvados et la Manche accueillent quelques tournages. Sainte-Mère-Église, en particulier, sert de décor à la reconstitution de l’assaut aéroporté des troupes américaines.

 

 

Le tournage à Sainte-Mère-Église

Durant trois semaines, les habitants du village, mis à contibution comme figurants, voient se succéder les techniciens et cascadeurs, mais aussi de grandes stars dont Red Buttons, dans la peau du malheureux parachutiste John Steele, resté suspendu au clocher de l’église (mais pas John Wayne qui incarne le rôle du lieutenant-colonel Benjamin H. Vandervoort, commandant d’un bataillon du 505e régiment de la 82e division).

 

Malgré la présence du général Eisenhower, venu pour l’occasion offrir ses services de conseiller historique, les scènes concernant les troupes aéroportées contiennent quelques erreurs ou anachronismes :

  • John Steele reste accroché, dans le film, au clocher de l’église du côté de la place alors que dans la réalité c’est de l’autre côté qu’il fut retenu par son parachute.
  • Sur cette même place, Darryl Zanuck a camouflé le monument érigé après-guerre en hommage aux parachutistes par un tas de sable mais une 2Cv commercialisée en 1948 a cependant échappé à la vigilance de l’équipe technique.
  • Le personnage de John Steele dit être resté 10 heures sur le clocher alors que, dans la réalité, il n’y est resté que 2 heures.
  • À la fin du film, le lieutenant-colonel Vandervoort, nommé à ce grade le 2 juin 1944, est installé dans une charrette parce qu’il s’est blessé à la jambe et porte sur son casque un insigne de colonel.
 

 

Les Archives de la Manche font de la figuration

Au début du film, on voit ainsi Alexandre Renaud, le maire de Sainte-Mère-Église, s’arrêter au passage d’une colonne de résistants prisonniers des Allemands. Dans son dos, on peut voir un placard de 1962 annonçant la reconstruction du dépôt des archives départementales de la Manche détruites lors des bombardements de Saint-Lô en 1944.

Le jour le plus long, c'est aussi 5 plus grosses erreurs historiques du film ! 

1- Une mauvaise fracture

Dans le film, le lieutenant-colonel Benjamin H. Vandervoort, interprété par John Wayne, se fracture la cheville lors d'un saut près de Sainte-Mère-Eglise, le 6 juin 1944. Dans la scène où J. Wayne monte dans la charrette, on voit clairement qu'il s'est cassé la cheville droite. Le problème est qu'en réalité, Vandervoort s'est fracturé la cheville gauche ! Mais que faisaient les scriptes sur le tournage ?

2- La polémique autour du parachutiste resté pendu au clocher de Sainte-Mère-Eglise

Le village normand de Sainte-Mère-Eglise est devenu célèbre à la suite d'un épisode mémorable du débarquement allié. Le jour J, le parachutiste américain John Steele serait resté suspendu au clocher de l'église du village, à douze mètres du sol. Son calvaire aurait duré dix heures avant d'être secouru. Cette renommée, largement due au film, est de celle qui agace les historiens. D'abord, parce que le vrai John Steele a toujours été confu dans ses récits de l'événement. En fait, il ne serait resté accroché que durant deux à trois heures durant lesquelles il a fait le mort pour ne pas être "canardé" par les Allemands. Lesquels finiront par le décrocher et l'embarquer comme prisonnier. On est loin de l'acte héroïque suggéré dans Le jour le plus long.

Chose encore plus étrange, dans son ouvrage intitulé Sainte-Mère-Église, Première tête de pont américaine en France, 6 juin 1944, le maire de l'époque, Alexandre Renaud, ne fait pas mention du fameux parachutiste. De toute manière, cet épisode reste pour le moins assez surprenant, car toujours selon Alexandre Renaud, le clocher était déjà occupé par la Flak (DCA allemande) qui mitraillait à tout va les parachutistes en cours de descente et dont beaucoup tombaient dans les marais environnants. En toute logique, John Steele n'aurait donc pu échapper aux balles allemandes !

3- Des tenues non réglementaires

Dans le film, les uniformes des parachutistes américains, plus particulièrement les vestes de saut, ne correspondent pas aux vêtements d'époque. On vous épargnera ici les détails. Même verdict pour les mentonnières des casques, qui n'ont pas la bonne forme (elles sont rectangulaires dans le film au lieu d'être ovales à l'époque) et pour les insignes divisionnaires, qui ne sont pas plus réglementaires. Quant aux bottes, des rangers dans le film, elles sont totalement anachroniques puisqu'il faudra attendre septembre 1944 pour qu'elles soient utilisées. A l'époque, les parachutistes américains portaient des bottes marrons qui montaient jusqu'à mi-mollet et ne comportaient que des lacets permettant un meilleur maintien de la cheville.

4- Une prise de Casino totalement fantaisiste

Le film relate très précisément la prise du casino d'Ouistreham par le commando Kieffer. Le problème est que ce même casino avait déjà été rasé par les Allemands en 1942. Il n'en subsistait que les soubassements, transformés en bunker. En outre, cette scène a été tournée à Port-en-Bessin dont on voit la tour Vauban. Enfin, aucune religieuse n'est jamais intervenue pour assister les commandos français.

5- Une résistance allemande revue à la baisse dans le film

Le jour le plus long a entretenu l'illusion d'une riposte allemande faiblarde. Dans le film, on voit seulement deux avions allemands, des FW190, attaquer. En réalité, plusieurs Staffeln - une petite centaine d'appareils - ont effectué un total de plus de sept cent sorties, dont vingt-deux contre la flotte alliée, principalement l'après-midi ! Certes, de nombreux avions ont été abattus, vu la suprématie aérienne alliée. Les Allemands ont même été contraints de mettre en ligne des JU 87 Stukas obsolètes pour tenter de résister !

Et pour enfoncer le clou, il faut préciser que les deux avions, censés représenter des FW190 dans le film, sont en fait des Messerchmitt Bf 108 Taifun, avions d'entrainement et de liaison !

Malgré ses treize conseillers militaires et dix conseillers techniques - dont le général Eisenhower, commandant en chef des forces alliées en Europe et futur président des Etats-Unis, en 1953 - Le jour le plus long n'a donc pas pu éviter certaines erreurs historiques (une vingtaine recensée au total !). A (re)voir donc l'esprit en alerte !

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