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Petite Feuille   

Retour sur la vie de Martin Luther King en 5 dates clés

Lydie | Publié le mar 2 Juin - 13:44 | 1547 Vues

Martin Luther King et la marche de Selma vus par les photographes de Magnum

Retour sur un événement qui a changé l'Histoire des États-Unis. Les photographes de l'agence Magnum étaient sur place.

Bruce Davidson/Magnum Photos

La bataille pour les droits civiques des Noirs américains bat son plein en 1965. Une question épineuse, posée par tout un peuple, et menée par des leaders charismatiques, et surtout Malcolm X et Martin Luther King, pas toujours d’accord, mais qui œuvrent dans le même sens : l’égalité des Noirs et des Blancs, qui commence par le droit de vote.

Martin Luther King 50 ans des marches de Selma

À Montgomerry, en mars 1965.

Bruce Davidson/Magnum Photos

1965, c’est l’année où tout bascule. En août 1963, 250.000 personnes marchent sur Washington, avec Martin Luther King à sa tête, qui « rêve » d'une égalité entre les Noirs et les Blancs. Depuis le milieu 1964, « l’Été de la Liberté », le Sud des États-Unis gronde. Militants noirs et blancs réclament le droit de vote des Afro-Américains, une des dernières étapes de la lutte vers l’égalité totale, commencée depuis une dizaine d’années.

Durant l'une des marches.

Bruce Davidson/Magnum Photos

La lutte a commencé depuis plus d’une dizaine d’années, notamment depuis ce jour de décembre 1955 où Rosa Parks refuse de s’asseoir du côté réservé aux Noirs dans un bus d’Alabama. L’abrogation de la ségrégation se fait petit à petit, jusqu’en 1964 et le Civil Rights Act, où le président Lyndon B. Johnson ratifie l’illégalité de la discrimination raciale, religieuse, sexuelle ou en rapport avec la couleur de peau ou l’origine nationale. De jure, les lois de ségrégation dans le Sud, appelées lois Jim Crow, sont abolies. De facto, c’est autre chose et les tensions existent toujours bel et bien. Tandis que le droit de vote des Noirs n'est pas garanti.

Durant l'une des marches de Selma à Montgomerry.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Les tensions se cristallisent en 1965. Depuis janvier, Selma, dans l’Alabama, gronde. Une petite ville du Sud, dans laquelle les Noirs – la moitié de la population – sont notamment privés du droit de vote parce qu’ils sont systématiquement refoulés du tribunal où ils sont censés s’inscrire.

Des militaires devant le palais du gouvernement de Montgomerry, Alabama.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Le révérend Martin Luther King est alors appelé à l’aide par les associations militantes, qui se battent sous le mot d’ordre : « One man, one vote », « un homme, un vote ». Dans les prêches du révérend, il appelle la population à aller manifester, tout en étant « prêt à être des milliers à aller en prison ».

À Selma.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Les premières marches débutent en janvier 1965 sous l’impulsion de Martin Luther King, de James Bewel et d’autres activistes, mais rencontrent quasiment systématiquement la répression des forces de l’ordre, lourdement équipées, ou des ségrégationnistes blancs, dont le Ku Klux Klan, particulièrement présent dans l’État.

Sur la route de Selma à Montgomerry, en mars 1965.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Les manifestations bénéficient d’une large audience dans le pays, du fait de l’enjeu et de la présence de Martin Luther Kingprix Nobel de la paix en 1964, de Rosa Parks qui monte à la tribune, ou de Malcolm X, qui, vient lui aussi livrer un discours le 4 février. Il est assassiné à la fin du même mois à Harlem. Le révérend King est d’ailleurs arrêté à la suite d’une manifestation. Depuis sa cellule, il écrit une lettre ouverte dans le New York Times, appuyant la résonnance nationale de ce qu’il se passe dans cette ville de 28.000 habitants.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Sur la route de Selma à Montgomerry, Alabama.

Bruce Davidson/Magnum Photos

La tension monte. « Nous évitions de manifester après la nuit tombée, disait John Lewis, l’un de ceux qui sera passé à tabac le 7 mars. C'était trop dangereux. » Annie Lee Cooper, 53 ans, est presque battue à mort par des policiers, puis incarcérée. Dans la ville voisine de Marion, un jeune Noir, Jimmie Lee Jackson, est tué par la police lors d’une marche, le 17 février. Le point de non-retour est atteint.

Des militants ségrégationnistes haranguant les manifestants, drapeau sudiste à la main.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Martin Luther King marchant côte à côte avec des religieux blancs et noirs.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Dans tout le pays, des manifestations de soutien ont lieu spontanément. Des Blancs affluent vers Selma pour participer à la marche du 25 mars.

« Voici une native de Selma qui soutient la liberté et la justice », brandit cette dame.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Parmi les Blancs qui veulent prendre part à la marche, Viola Liuzzo, étudiante de Détroit, participe au mouvement qui, selon elle, « concerne tout le monde ». Après la manifestation du 25 mars, elle est raccompagnée par un Noir. Des membres du Ku Klux Klan les suivent et les agressent. Ils lui tirent deux balles dans la tête.

À Montgomery.

Bruce Davidson/Magnum Photos

Lors d'une des marches.

Bruce Davidson/Magnum Photos

En août, le Congrès adopte le Voting Rights Act, qui garantit à tout Américain de plus de 21 ans le droit de s'inscrire sur les listes électorales et de voter. En Alabama, le nombre de Noirs inscrits passe de 92.700 en 1965 à 250.000 en 1967.

Cinquante ans plus tard, quel chemin a été parcouru ? Le film Selma, qui commémore les marches de Martin Luther King, sort dans un contexte troublé de violence raciale, où des policiers blancs tirent sur des Noirs désarmés. Dans son discours hommage à Selma, le samedi 7 mars 2015, Barack Obama s'est refusé à faire de ces événements une tendance « endémique au pays ».

Mais, de Ferguson à Atlanta, les manifestations et protestations, qui se transforment parfois en émeutes, sont là pour rappeler que le message véhiculé par les marches de Selma est plus urgent que jamais.

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