L’aventurier, sexy et sexuel en diable, tout juste évadé de la prison de Venise a inventé un truc génial pour financer les travaux de création du champ de mars et de l’école militaire de Paris. Il a créé la loterie nationale.
Élégant. Grand. Le teint mat, il séduit à chaque fois qu’il le veut. Et en particulier les femmes.
Ce 13 août 1758, il rajuste sa veste jaune vif et s’engage dans la cour de marbre du château de Versailles. Giacomo Casanova est content de lui. Il a réussi à convaincre le Roi de France de lancer pour la première fois une grande loterie publique. Faute d’argent on n’arrive pas à construire l’Ecole militaire et Madame de Pompadour est contrariée.
Pour trouver de l’argent frais Casanova vient proposer de mettre plusieurs millions de livres en jeu dans une loterie. Et il a convaincu les ministres de Louis XV de miser sur le rêve. De parier sur l’envie des Français d’être riches du premier coup. Il a annoncé que le nombre de billets vendus rapportera beaucoup plus d’argent que le roi n’en perdra avec le gros lot et on l’a écouté.
Mais depuis, la loterie française a évolué, laissant de côté les causes nationales (les poilus de la Grande Guerre ou les difficultés agricoles en 1933). L’idée revient pourtant assez souvent sur le tapis, d’autant plus que nos voisins européens ont déjà adopté ce principe. Le Heritage Lottery Fund au Royaume-Uni, la Glückspirale pour la Fondation allemande pour la protection des monuments en Allemagne, ou encore la loterie en Italie sont autant d’exemples de mobilisation des habitants pour leur patrimoine.
C’est cette idée qui a été reprise par Stéphane Bern lors de sa mission de constat d’état du patrimoine ; c’est désormais chose faite, comme en témoigne le discours de la Ministre de la Culture lors du dévoilement de sa « stratégie pluriannuelle en faveur du patrimoine » vendredi 17 novembre. Cette loterie du patrimoine prendrait donc la forme d’un tirage annuel du loto, par exemple à la veille des Journées du Patrimoine, accompagné d’un nouveau jeu de grattage.