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Petite Feuille   

Analyse d'oeuvre: Guernica (1937) de Pablo Picasso

Lydie | Publié le dim 22 Aoû - 9:36 | 1676 Vues

Biographie

 

  Pablo Picasso (1881-1973) : peintre, sculpteur, dessinateur, graveur et céramiste espagnol, est l’artiste le plus célèbre du XXe siècle. Inventeur de formes uniques, innovateur dans les styles et les techniques, il fut l’un des artistes les plus prolifiques de son temps.

Né à Malaga le 25 octobre 1881, il manifeste des dons exceptionnels pour la peinture dès l’enfance. Il réalise ses premiers tableaux à l’âge de 10 ans et réussit en 1896 le concours d’entrée de l’école des Beaux-arts de Barcelone où son père enseigne en tant que professeur de dessin.

 


 Période bleue: La période bleue nommée ainsi en raison des teintes de bleu dominant dans les oeuvres est arrivée à la suite de la mort de son meilleur ami Carlos Casagemas dont il fait le portrait le représentant sur son lit de mort en 1901. Cette période sera une période triste. Exprimant la misère et la mort, les tableaux dépeignent des aveugles, des mendiants, des alcooliques et des prostituées aux corps quelques peu allongés.

 


 Période rose: Peu après s’être installé à Paris, Picasso rencontra Fernande Olivier, la première de ses compagnes à influencer son style, et l’humeur de son oeuvre. C’est une période heureuse. Avec cette relation amoureuse, Picasso changea sa palette pour des roses et des rouges. Les années 1905-1906 qui constituèrent la période rose produisirent une peinture sentimentale caractérisée par une plus grande importance du dessin par rapport à la couleur. Un grand nombre de ses personnages étaient inspirés par le cirque comme le tableau de "La famille d’acrobates" en 1905.

 


 La naissance du Cubisme: A 26 ans en 1906, Picasso décide d’abandonner la peinture réaliste qui est liée à l’apparence extérieure des objets. Picasso entre dans une nouvelle phase marquée par l’influence des arts grecs, des arts africains et de Paul Cézanne. Il commence à peindre les visages comme si c’étaient des masques, en géométrisant le réel et en multipliant les points de vue pour représenter un objet. Les objets sont fragmentés en plusieurs facettes permettant de les observer sous différents angles. Une figure peut ainsi être vue de profil et de face. Le clair-obscur traditionnel est remplacé par le camaïeu, peinture d’une seule couleur, dont les tons plus ou moins foncés suggèrent le relief. La palette cubiste se réduit aux ocres et aux gris.

 

 

Le bombardement de Guernica 

La guerre civile espagnole éclate le 18 juillet 1936, lorsque les troupes du Maroc, commandées par le Général Franco, débarquent dans la péninsule. Cette guerre civile servira de terrain d'entraînement, et de préparation à l'armée allemande. L'Espagne de la guerre civile est une étape essentielle de la marche vers la 2° guerre mondiale.

Le camp nationaliste est soutenu immédiatement par les garnisons d'Andalousie, de Galice, des Asturies, de la Navarre, et de la vieille Castille. Par contre, Madrid et Barcelone constituent tout de suite le cœur de la résistance républicaine.

Le pays Basque forme le front nord d'opposition aux franquistes.

Au printemps 1937 le général Emilio Mola, principal chef militaire franquiste, décide de réduire le front nord.

L'aviation allemande de la légion Condor soutient les troupes au sol, espagnoles et italiennes.

Guernica est une petite ville d'Espagne, de la province basque de Biscaye.

Le jour du bombardement, Guernica est particulièrement peuplé : de nombreux réfugiés des environs sont venus dans l'espoir de pouvoir fuir en train, et c'est le jour du marché.

Les premières bombes explosent à 16 H 30. Les derniers avions quittent le ciel de Guernica vers 19 H. Les 50 appareils de la légion Condor ont lâché 50 tonnes de bombes incendiaires, et ont fait plus de 1800 morts sur 6000 personnes alors présentes. Le retentissement international de l'évènement est immense. Franco tente alors de faire croire que la destruction de Guernica est due aux basques républicains qui auraient dynamité le village à des fins de propagande.

 

Comprendre Guernica : Quelques clefs de lecture du tableau

Picasso réalise ce tableau suite au bombardement de la petite ville de Guernica par la légion Condor, aviation nazie soutenant le camp franquiste, le 26 avril 1937. Picasso se range dés le début du conflit dans le camp républicain. Durant tous les événements, Picasso réside en France, la presse et des compatriotes l'informent.

"Guernica" est peint en noir et blanc. Les forts contrastes de lumière accentuent la violence du tableau où les corps démembrés, les visages tordus par la peur ou la douleur, et l'esthétique cubiste travaillent en ce sens.

Picasso multiplie les études dés le 30 avril 1937. A la mi-juin, il livre son tableau au pavillon espagnol de l'exposition universelle. Les grandes dimensions de "Guernica" répondent à un souci de visibilité. La barbarie du bombardement du 26 avril doit être dénoncée efficacement.

 

Un tableau monochrome : La monochromie du tableau s'explique de plusieurs façons. Tout d'abord à la gravité du sujet répond l'austérité de l'absence de couleur. Par ailleurs, le noir et blanc évoque la presse. Picasso, informé par les journaux, a incorporé à son œuvre de nombreuses références à celle ci. Par exemple le pelage du cheval, fait de petits traits serrés, réguliers et alignés, rappelle les caractères typographiques.

 

 

Les différents éléments du tableau:

 

Le cheval blessé.

Placé au centre de la composition, il symbolise, des dires même du peintre, le peuple. La liberté est mourante. Comme pour la mère portant son enfant mort, la douleur est exprimée par la langue pointue comme un couteau. La lance qui transperce le flanc du cheval rappelle celle qui blesse la poitrine du Christ dans de nombreux tableaux religieux

 


Le taureau.

Le taureau est un symbole de la force brute, de la cruauté. Au milieu de la débâcle il apparaît impassible. L'iconographie tauromachique est une composante fréquente de l'œuvre de Picasso.

 

La mère portant son enfant mort : La douleur et les hurlements de la mère sont perceptibles au premier abord, alors que le reste du tableau peut sembler plus difficile d'accès. L'enfant mort dans les bras de sa mère se rapprochent d'une autre image à portée universelle : celle d'une piéta (vierge à l’enfant).

Cette figure exprime une douleur universellement compréhensible, et traduit l'horreur de toutes les guerres. Ses yeux en forme de larme, sa langue en forme de couteau, son visage tourné vers le ciel (d'où est venu le drame), tout en elle exprime la souffrance et le désarroi.

 

 

Le chœur des femmes :

Trois femmes sur le côté droit de la composition forment un chœur antique, pleurant la liberté agonisante.

Avec le personnage qui a les bras levés au ciel, Picasso fait assurément ici une référence au Tres de Mayo de Goya.

 

 

La comparaison entre ces deux tableaux nés d'une tragédie historique doit être menée avec prudence : Goya peint 6 ans après les faits, et transmet un message de résistance à l'oppression. Picasso peint dans l'urgence, et lance un cri de douleur face à l'anéantissement.

 

 


 

Les visages : l'expression de l'universel. Les yeux, en larme, et la bouche édentée (= personne désarmée) de la femme tombant dans les flammes (Guernica a été attaquée à la bombe incendiaire) expriment la mort d'un peuple désarmé, la lâcheté du bombardement.

Au premier plan de la composition apparaît un combattant dont le corps est morcelé et décapité. Ce personnage porte sur son visage toute la violence de la guerre : la dentition précise, et la décapitation sont les signes de la brutalité.

 

 


 

 

Pablo Picasso 1881, Malaga - 1973, Mougins
 
Originaire d’Andalousie où il passe les premières années de sa vie, Pablo Ruiz Picasso grandit à Barcelone, son père ayant été nommé professeur à l’Ecole des beaux-arts. Picasso y est lui-même admis en tant qu’élève à l’âge de 14 ans, comme il le sera deux ans plus tard, à l’Académie royale de Madrid.

Après cette période d’études classiques, il découvre la vie de bohème, notamment en fréquentant un cabaret artistique et littéraire de la vieille ville de Barcelone, Els Quatre Gats, où ses travaux sont exposés pour la première fois. À partir de 1904, il s’installe définitivement en France. Il fréquente des artistes, des écrivains comme Gertrude Stein, des poètes, notamment Guillaume Apollinaire. Cette époque heureuse marque le début de sa période rose avec ses peintures de saltimbanques, aux couleurs adoucies.

En 1907, Picasso travaille à la composition des Demoiselles d’Avignon, quand est présentée à Paris la grande rétrospective Cézanne. C’est à partir de l’œuvre du peintre d’Aix-en-Provence qu’il se rapproche de Georges Braque. Ensemble, ils se consacrent à la formulation du cubisme.

Le 27 avril 1937 un événement tragique vient bouleverser sa carrière : en Espagne, l'aviation allemande, au service des nationalistes franquistes, bombarde la petite ville basque de Guernica. En réaction, Picasso peint l’immense toile qui sera exposée un mois après au pavillon républicain de l’Exposition Internationale de Paris. Cette œuvre, conçue comme « un instrument de guerre », le rapproche du Parti communiste dont il devient membre.

À la fin des années 40, il s’installe en Provence où il entame une nouvelle carrière de céramiste. C’est dans cette région qu’il réalise ses dernières œuvres, aussi bien des peintures, des sculptures, que des terres cuites et autres objets hétérogènes.

Source : www.centrepompidou.fr

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