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Petite Feuille   

L'appartement aux secrets de Marthe de Florian

Lydie | Publié le mer 26 Déc 2018 - 15:16 | 3032 Vues

De Marthe de Florian, jolie femme courtisane vers 1900 à sa petite-fille Solange Bellegarde auteur de romans très sentimentaux … un appartement, des immeubles, et le beau portrait par Giovanni Boldini, peintre amoureux

Solange Bellegarde, pseudonyme de Solange Beaugiron, est décédée  à 90 ans dans un petit village de l’Ardèche, laissant une oeuvre riche en romans sentimentaux publiés pour la plupart dans une collection à succès chez Casterman (  – où figure aussi Pierrette Sartin,  poète et féministe, qui n’a pas ménagé sa ville d’origine, Guéret, d’où est originaire aussi Marcel Jouhandeau – voir  » Chaminadour « ). Un de ses livres  Gloria, fut adapté au cinéma par Claude Antant-Lara, sans laisser de souvenir.

Elle garde encore ses mystères notamment  à propos de son mariage avec un Russe  ( à gauche son portrait –  à droite, photo de Marthe de Florian ).

Ce qui est certain, c’est que, dès 1940, elle a quitté Paris, et le 9ème arrondissement, le fameux quartier mythique de La Nouvelle-Athènes, pour ne jamais y revenir.

Elle vivait seule en Ardèche, et un épicier lui livrait ses courses à domicile. A la toute fin de sa vie, elle était pensionnaire d’une maison de retraite  » Les Pervenches « , où elle est décédée.

Au printemps 2010, il est procédé aux opérations de succession. Un commissaire-priseur de Drouot, mandaté par le notaire de l’Ardèche, est chargé de dresser l’inventaire  …  et, lors de l’ouverture de l’appartement, c’est la stupéfaction. Tout est resté en l’état, plus la poussière,  du temps de Marthe de Florian, la grand-mère de Solange  :  le lieu de vie au décor rococo  d’une courtisane !

Le joyau de l’appartement : le délicat portrait grandeur nature  de la dame des lieux dans lequel l’expert Marc Ottavi reconnait le style de Giovanni Boldini. Bientôt, il  est authentifié, en recoupant des écrits.

La romancière –  réglant ponctuellement  les charges – a-t-elle  voulu cacher le passé sulfureux de son aïeule, qui s’est pourtant orientée  vers un mariage bourgeois ( elle aurait épousé un pharmacien ), en gérant une fortune estimable : plusieurs immeubles à Paris !

Le tout revient à l’épicier fidèle et attentionné, dont elle a fait son  héritier.

Le tableau a trouvé preneur lors d’une vente aux enchères à Drouot : un amateur italien l’a acquis pour 2,1 millions d’euros, frais inclus. L’acheteur a reçu aussi  des lettres adressées à Marthe de Florian par Waldeck-Rousseau, Deschanel,  Clemenceau, Poincaré, Aristide Boucicaut, fondateur du Bon-Marché, Ernest Cognacq, celui de la Samaritaine…  des femmes aussi, contenues dans un coffre avec des bijoux. Elles étaient soigneusement conservées et entourées de rubans rouges, bleus, roses. :   » Au plaisir de vous revoir, ma chère Marthe « ,   » Marthe, tes mains, ton corps, me manquent « .

Plusieurs articles ont été publiés récemment à propos de   » l’appartement à mystères « , dont celui de  » Point de vue », d’où sont tirées ces photos.

S’ajoute  un roman L’appartement oublié, par Michelle Gable, une publiciste femme d’affaires américaine aimant aussi écrire – traduit par Christine Bouchareine – Editeur des Falaises.  Tellement romanesque qu’elle voudrait faire de Victor Hugo le véritable père de Marthe de Florian ! D’après sa présentation sur internet, on voit bien qu’elle ne fait pas de différence entre Pigalle, etc, et  » La Nouvelle Athènes  » des lettres et des arts.  Marc Ottavi ajoute au roman l’histoire vraie du tableau et de son modèle.

A l’opposé de Solange Bellegarde  gardant le silence sur son aïeule, on trouve une journaliste, Yolaine de la Bigne, qui a adopté le nom de la courtisane de sa famille.

Sources : – » Point de vue » – 28 octobre-3 novembre 2015 – Internet- Wikipedia au nom de ces dames – Blogs -dont celui d’un chercheur généalogiste, avec reproductions de coupures de presse.

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