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Petite Feuille   

Les soldats russes ont-ils eu des casques pendant la Première Guerre mondiale ?

Lydie | Publié le lun 12 Déc - 16:21 | 1201 Vues

Guerre Ukraine : Ce dirigeant russe porte un casque américain à 1900 $ tandis que les soldats sur le front ont des casques de paint-ball...

En 1916, un bateau à vapeur appelé "Le Saint Pierre" accosta à Arkhangelsk, une ville portuaire arctique de l'Empire russe. Le navire venait de France et transportait 15 000 casques d'acier français. Ces casques (Ndt : il s’agit du célèbre Casque Adrian) furent les seuls portés par les Russes et expliquent pourquoi les Russes n’eurent pas beaucoup de casques pendant la Première Guerre mondiale.

Une raison pour laquelle les casques furent distribués aux soldats russes était que nombre d’entre eux étaient morts de blessures à la tête. Les responsables russes comprirent que quelque chose devait être fait, et passèrent une commande pour 15.000 casques français pour voir si cela permettrait de protéger leurs troupes.

En juillet 1916, les casques furent distribués aux soldats russes sur le terrain. Les premiers à les recevoir furent les membres de la 5e armée qui se battaient en Lettonie.

Les casques étaient peints dans le bleu Horizon qui correspondait à l'uniforme de combat français mais qui détonnait avec les uniformes kakis portés par l'armée impériale russe.

Il y avait une petite différence, à la demande de A. Ignatiev (Le délégué militaire russe en France qui avait commandé les casques), les casques ne furent pas fournis avec des insignes français sur le devant, mais avec un aigle russe.

Même avant que les casques ne soient distribués aux premières troupes russes à l'époque difficile de la campagne de Lettonie, ils firent déjà l'objet de critiques.

Malgré une étude française et anglaise qui prouvait que le port d'un casque d'acier arrêtait les 3/4 de toutes les blessures à la tête, le 12 mars 1916, le chef d'état-major du haut commandement publia une résolution contre leur utilisation.

Le tsar lui-même se prononça contre le port du casque d'acier par l'armée impériale, estimant qu'il diminuerait l'apparence martiale des soldats. En raison de l'intervention impériale, l'achat d'autres casques fut arrêté.

Mais plus tard en 1916, les Français et les Britanniques insistèrent auprès de M.V. Alekseyev pour qu’il convainque le tsar de faire porter plus de casques sur le front est et après un nouveau débat avec ce dernier des casques d’acier furent de nouveau distribués aux troupes russes.

(photo ci-dessus, M.V. Alekseyev l'homme qui convainquit le tsar de distribue plus de casques français.)

Alekseyev écrivit au ministre de la Guerre D.S. Shuvaev demandant l'achat immédiat de 2 millions de casques Adrian. Comme signe de l'urgence de la situation et peut-être avec la crainte que le tsar puisse émettre des doutes, Alekseyev demanda que l'achat soit effectué sans attendre les résultats des essais sur le terrain menés par la 5e Armée.

Le bon de commande fut transmis à A. Ignatiev, qui négocia un accord avec les Français pour l'achat de 2 millions de casques.

(portrait d'A. Ignatiev)

En vertu de l'accord, les 250 000 premiers casques furent peints en bleu horizon et portaient l'insigne frontal RF (République française). Il fut convenu que ces casques seraient expédiés sur le premier navire disponible.

Les casques suivants furent expédiés par lots de 18-20 mille avec l'espoir qu'ils arriveraient en Russie avant la fin de la saison de navigation. Le premier lot de casques fut remis aux Russes au début d'octobre 1916.

Mais le 12 janvier 1917, une explosion accidentelle de munitions dans le port de Romanov-sur-Murman détruisit une importante livraison de casques Adrian, et pire encore, 160 000 casques furent coulés par des sous-marins allemands en 1916 et 1917.

180 000 autres casques destinés à la Russie restèrent dans le port français de Brest, non livrés en raison de la brutale émergence de la Révolution bolchevique. Le dernier navire transportant des casques Adrian de France quitta Brest en septembre 1917.

Environ 1 977 000 casques Adrian auront été expédiés de France en Russie. Malgré le grand nombre de casques expédiés, ce ne fut tout simplement pas suffisant pour équiper la vaste armée impériale russe qui comptait plusieurs millions de soldats.

Bataillon de choc Têtes de mort

Voici une anecdote sur le célèbre bataillon de choc qui portait des casques.

La plus grande différence entre les casques normaux que les Russes ont donnés à la 5e Armée et ceux qu'ils donnèrent au bataillon de choc fut que ces casques portaient une tête de mort et des tibias entrecroisés et qu’ils étaient peints en kaki, pour correspondre aux uniformes des bataillons de choc.

Et après la Première Guerre mondiale, les révolutionnaires rouges et les gardes blancs porteront ces mêmes casques Adrian pendant qu'ils se battaient pour contrôler les restes de l'Empire russe. Avec la victoire soviétique, ces mêmes casques ont continué à être retravaillés et réutilisés jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, où ils seront remplacés par les SSh-36, SSh-39 et SSh-40.

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