Les Favelas: découvrez l’autre facette de Rio
Les favelas de Rio de Janeiro sont le coeur de la ville et de la culture brésilienne...Osez vous y aventurer lors de votre prochain voyage dans la "Cité Merveilleuse"!
Les favelas s'entassent sur les collines de Rio de Janeiro. © eflon
Il est courant de dire qu’à Rio, contrairement à tout autre endroit de la planète, ce sont les pauvres qui regardent les riches de haut.
Sur les sommets qui dominent les plages mondialement connues ainsi que les villes aisées d’Ipanema et Copacabana, des dizaines de milliers de cariocas (les habitants de Rio) ont construits des maisons avec des matériaux de récupération.
Ces bidonvilles sont appelés ici “favelas”.
Marchands ambulants vendant des fruits. © Espocc Maré
Pendant de nombreuses années, les favelas étaient des endroits dangereux et mal famés, où il était déconseillé de s’aventurer, que l’on soit touriste ou brésilien.
Et pourtant, en dépit de cette mauvaise réputation qui les suit depuis toujours, les favelas de Rio font partie de la culture de la ville, au même titre que le Christ Rédempteur, le Maracaña ou encore le Carnaval.
D’ailleurs, les plus grandes écoles de Samba de Rio voient leur origine dans les favelas et le Carnaval ne serait sans doute pas le même sans leur joyeuse influence culturelle.
Pour ceux qui veulent voir toutes les facettes de la ville – même les moins reluisantes – la visite d’une favela s’avère être tout à fait passionnante.
Tout d’abord, un peu d’histoire…
Les taudis de Rio, tout comme d’autres dans le pays, sont nés suite à une grosse pénurie de logement au 19ème siècle et se sont ensuite multipliés après les diverses crises politiques. Cette occupation illégale a cependant toujours été perçue comme autre chose qu’une simple horreur qu’il fallait déplacer.
Les efforts pour intégrer les favelas dans les infrastructures de la ville commencent à payer, et ce, grâce notamment à une prise de conscience qui eut lieu dans les années 90.
Ces efforts – souvent effacés par les violences et la criminalité présentes dans ces quartiers – ont fini par payer lorsque le Brésil a gagné le droit d’organiser deux grands évènements internationaux.
Partout au Brésil, le football est présent …le plus souvent à la TV d’ailleurs. © cabralgabriel
Avec l’organisation de la Coupe du Monde et des Jeux Olympiques, le gouvernement a soudainement trouvé le moyen de régler quelques-uns des problèmes les plus graves dans les favelas.
L’impact le plus important fût l’introduction de l’UPP (Unité de Police Pacificatrice), qui, en reprenant le contrôle de certains territoires, a rendu une douzaine de favelas bien plus sûres, que ce soit pour les visiteurs ou les habitants eux-mêmes.
Et les vues depuis ces favelas sont imprenables.
Vue sur Rio depuis le Parc National Tijuca. © Leandro’s World Tour
S’y rendre
Que vous planifiez d’y rester une journée ou que vous souhaitiez expérimenter la vie d’une favela en séjournant chez des locaux, vous aurez dans tous les cas la chance d’apprécier une vue unique sur Rio.
De nombreux tours opérateurs organisent des visites guidées, mais assurez-vous d’en choisir une faite par un guide local. Ce sera non seulement plus authentique, mais également profitable à la communauté.
Vous avancerez dans des rues étroites qui serpentent au travers de constructions de fortunes et d’arrière-cours animées, au milieu de câbles électriques enchevêtrés et de vendeurs ambulants.
Ce contact étroit avec la vie et l’histoire des favelas saura faire tomber tous les préjugés que vous aviez sur les habitants de ces quartiers, qui s’avèrent être accueillants et solidaires.
Séjourner dans une famille vous garantie une expérience unique. En plus d’économiser sur le prix d’un séjour coûteux en centre-ville, vous serez accueilli avec authenticité et chaleur.
C’est sûr, il vous faudra renoncer au confort d’un hôtel pour un logement plus humble, mais vous y trouverez une générosité et un enthousiasme qui n’ont pas de prix.
Street-art dans une favela. © simenon
Les favelas les plus sûres et les plus petites sont dans la Zona Sul – à Rio Sud – à quelques pas des plages. Pensez à vous rendre dans un quartier qui a été pacifié et, comme vous le feriez dans tous les cas, ne vous faîtes pas remarquer.
Si vous restez vigilants, que vous ne sortez pas des sentiers battus, surtout la nuit, et ne photographiez pas tout à tout va, vous profiterez en toute sécurité de ces collines habitées de Rio.
Quelle que soit celle que vous visiterez, vous y trouverez toujours de la bonne nourriture, de la musique et un accueil chaleureux. Chaque favela a sa propre personnalité, c’est pourquoi nous avons sélectionné quatre d’entre elles qui méritent vraiment d’être visitées.
Quelle favela visiter?
RoçinhaContraste entre Roçinha et le riche quartier de Leblon.
Roçinha est la plus grosse favela de Rio, et de toute l’Amérique Latine. Avec une population estimée à 150 000 habitants, son infrastructure est plus développée que dans la plupart des autres favelas.
Elle se démarque également par la volonté de ses habitants d’améliorer leurs conditions de vie, à travers des projets locaux œuvrant dans ce sens.
La vue offre également un contraste saisissant entre l’étendue des bidonvilles et les complexes de luxe qui se dressent sur la côte en contrebas.
Santa MartaLe roi de la pop immortalisé à Santa Marta. © alxfns
Santa Marta est, au contraire, la plus petite. Du fait de sa taille, elle fût la première à être protégée par l’UPP et est ainsi la plus sûre. Elle est également célèbre pour d’autres raisons.
Entre autre, elle accueille une statue de Michael Jackson, un hommage au Roi de la Pop qui y a tourné le clip de “They don’t care about us” en 1996, ce dont les habitants sont naturellement très fiers.
Les peintures de Haas &Hahn à Praça Cantão.
Et Praça Cantão, le square situé à l’entrée de Santa Marta, est devenu un symbole lorsque le duo hollandais Haas&Hahn ont recouvert les façades des maisons avec des couleurs vives, dans le cadre d’un projet communautaire artistique.
Prenez le téléphérique gratuit jusqu’au sommet, où la vue est une fois de plus à couper le souffle, entre paysages splendides et inégalités sociales.
Oh, et vous pourrez aussi descendre la piste en VTT ou bien faire une partie de paintball avec une vue sur le Pain de Sucre.
VidigalLa favela de Vidigal installée sur le Morro Dois Irmãos (La colline des Deux Frères). © jikatu
Vidigal est l’une des favelas les plus accueillantes pour les étrangers, elle est également le terrain de jeu des cariocas les plus privilégiés. On y trouve même un sushi bar!
Elle a également pour réputation d’attirer les artistes et est souvent comparée à l’immense quartier populaire à Rio, Santa Teresa.
Grimpez tout en haut de la colline pour apprécier la vue à 180° sur l’Atlantique.
Tavares BastosUn Baile Funk dans la favela. © Espocc Maré
Tavares Bastos, autre lieu réputé pour les tournages de films et clips vidéo, est également connu pour ses nuits musicalement endiablées. Depuis l’authentique Baile Funk brésilien à la Samba, Tavares Bastos joue sur tous les tableaux.
Assez curieusement, c’est en grande partie à un Anglais visionnaire que l’on doit cette réputation musicale. L’ancien journaliste de BBC Bob Nadkarni s’est installé ici dans les années 80 et a passé 20 ans à construire ce qui est aujourd’hui une superbe guesthouse de 9 étages avec un rooftop bar incroyable.
The Maze – que l’on appelle comme cela à cause de son architecture en labyrinthe, accueille deux fois par mois des concerts de jazz sur son toit. Ils attirent des centaines de fans de toute la ville, et valent vraiment le détour.
Maintenant que vous êtes au point sur l’histoire et la vie des favelas, il ne vous reste plus qu’à réserver votre billet pour Rio!