[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] 08 février 2013, par Olivier Razemon
C’est la question du jour. Sur le site du Parisien, tous les matins, on peut voter "oui" ou "non" à une proposition illustrée par un article. On peut commenter son vote, aussi. Ce vendredi 8 février, le quotidien demande à ses lecteurs s’il faut étendre la limitation de vitesse à 30 km/h dans toute la ville. C'est ce vendredi qu'est lancée en France la campagne européenne pour le plafonnement de la vitesse.
A 10h15, le vote, sans surprise, affichait 73,6% de non et 26,4% de oui. Les déjà 107 commentaires relevés au pied de l’article faisaient dans le genre attendu : "Il ne manquait plus que ça !", "Envisager de nouvelles lois plus restrictives alors qu'on n’est pas capable de faire respecter celles en vigueur", et puis l’inévitable "Commençons déjà par verbaliser tous les piétons et cyclistes qui ne respectent pas le code de la route", sans compter les tirades adressées aux "braves policiers qui auraient mieux à faire" ou aux "politiciens qui nous gouvernent" et ne se déplacent jamais sans chauffeur. On connaît ça par cœur, on se croirait tout bonnement… dans la circulation, entouré de râleurs. Après tout, il est moins dangereux de s’énerver seul devant son écran que seul à son volant.
7 arguments pour le oui. Et pourtant, le débat mérite mieux que ces invectives. Les arguments pour la limitation de la vitesse en ville sont multiples. En voici quelques uns, sommairement exposés :
1/ Une tonne d’acier se révèle moins dangereuse lorsqu’elle circule à 30 km/h qu’à 50 km/h.
2/ La pollution aux particules fines, qui empoisonne les villes (voir les conséquences ici), n’est pas liée au seul trafic automobile, mais celui-ci y contribue largement.
3/ La vitesse moyenne réelle ne dépasse de toute façon pas, en milieu urbain, les 18,9 km/h, comme je l’avais rappelé ici.
4/ Les piétons et les cyclistes se sentent plus à l’aise dans une ville apaisée. Les riverains se croiseront plus souvent. Des opportunités culturelles, amicales, économiques voire sexuelles naissent de ces rencontres impromptues.
5/ Les habitants, habitués à se déplacer de manière non motorisée, affichent une meilleure santé.
6/ Les commerces locaux en profitent amplement, comme le rappelle ici Bruno Blanckaert, président d'une association de commerçants parisiens. Contrairement à une idée tenace, les personnes qui se déplacent à pied ou à vélo font de meilleurs clients que les automobilistes. Ils achètent de moins gros volumes mais beaucoup plus souvent.
7/ La ville, moins bruyante et plus agréable, redevient attractive. L’étalement urbain, unanimement condamné, tend à se limiter.
Une opportunité économique. Ces arguments valent pour les grandes villes, dira-t-on. Non. Dans les grandes villes, le ralentissement se fera sans doute progressivement, parce que l’espace manque, que les transports sont performants et que la possession d’une voiture présente un intérêt moindre. Non, le raisonnement vaut surtout pour les villes moyennes et petites, celles qui, aujourd’hui, se désertifient, se dévalorisent, perdent des habitants, des commerces et de l’activité. La limitation de vitesse à 30 km/h est pour ces villes une opportunité économique.
On peut signer la pétition européenne ici :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]SOURCE:LEMONDE.FR