La vie d'après

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La vie d'Après

où la folie des hommes
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- Première sortie

2043 année chrétienne, Catherine et sa famille avaient passé six mois dans leur abri anti atomique. Cette lubie de son grand-père dont tout le quartier se moquait. Cet homme avait consacré sa vie entière à sa réalisation, son optimisation, l’améliorant sans cesse et assurant la formation de son fils et sa belle-fille et leur quatre enfants à la survie. Le vieux Joseph avait connu la 3e guerre mondiale de 2037, déclenchée à cause des pénuries d’eau, de pétrole, de gaz et surtout de nourriture à cause du réchauffement planétaire. Il y avait survécu dans son petit coin de Lozère, en vivant comme un sauvage dans les bois.

Cette véritable épopée survivaliste avait fait germer dans son coeur une profonde haine de l’espèce humaine “Saleté d’homo sapiens qui a tout détruit ici bas, je vous déteste”. Cette misanthropie s'arrêtait à sa famille qu’il voulait à tout prix préparer au fléau suivant.

Aussi, il avait conçu un abri enterré qui répondait aux critères les plus exigeants, ceux d’une apocalypse nucléaire. Tout le monde jasait et riait quand une noria de bétonnières et de camions de ferrailles avait suivi les pelles mécaniques. Mais tel le facteur cheval et sa brouette, il laissait glisser les railleries car il savait, il avait l'intuition, qu'il avait raison avant les autres.

Après deux années de conception et fabrication, il était fier et surtout heureux de l’oeuvre de sa vie comme il disait. Il savait que si le pire arrivait, ses six amours auraient une sacrée chance d’y survivre. Il avait tout vendu, la maison familiale, ses actions, ses voitures, pour investir dans tout ce qui était indispensable. D’ailleurs l’abri était devenu sa maison. Il faut dire qu’il n’avait pas plaisanté  ! Il avait tout lu sur les abris, la vie en stations spatiale, les bases de la survie, l’autonomie énergétique, hydrique et alimentaire.

Il avait même canalisé la petite rivière qui apportait en permanence une quantité d’eau pure plus que suffisante qui arrivait dans une petite station d’épuration, deux précautions valent mieux qu’une. Tenez vous bien ! il y avait de l'hydroponique pour produire des légumes, une centrale thermique qui pouvait bruler n’importe quoi, même si le recyclage était la règle numéro un en milieu clos. L’abri étant enterré, la température était constante à quatorze degrés quelle que soit la saison. Chauffer la pièce de vie, c’était une plaisanterie et il avait du précieux mazout pour deux ans. Mais il avait aussi installé des panneaux solaires au point le plus haut de la montagne, reliés à l’abri par une tranchée de cinq cent mètres, enterrée à un mètre de profondeur.

Je passe rapidement sur les provisions en conserve, la viande et le poisson séché, les barres énergétiques, le lait en poudre, etc… de quoi se nourrir pendant plus de trois ans pour dix personnes. Dortoirs individuels pour permettre la coupure avec le groupe, salle de sport, pour se défouler et entretenir la santé, les vélos étant évidemment producteurs d’électricité, faut rien laisser perdre. Armurerie sécurisée à deux clefs, salle numérique avec radio HF, Internet satellite, ordinateur, vidéo caméras, il en avait placé un peu de partout dans un rayon de vingt mètres, etc. etc… Bref tout ce qui pouvait servir à se tenir informer et communiquer.

Je ne vais pas vous faire un descriptif exhaustif, il y en aurait pour un long chapitre ennuyeux, disons simplement qu’il avait essayé de tout prévoir. Son fils, Manu, ingénieur en génie civil et sa belle-fille, Catherine, Biologiste, l’avait évidemment grandement conseillé….

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Episode 2
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Ce matin là c’était le jour J, celui que tous les experts conseillaient, celui qu’avait aussi validé papy Jo dans ces nombreux protocoles. Tout s’était à peu près bien passé pendant ces six mois, comme quoi, l’abri avait vraiment la conception parfaite. Ils étaient prêts et surtout impatients.

En ouvrant le sas, armé jusqu’aux dents, et protégés par une combinaison intégrale, quelle ne fut pas leur surprise de voir que le quartier n'était pas détruit, bien au contraire il était très accueillant, envahi par la végétation et occupé par vaches, chevaux, poules, chiens, chats, etc. une véritable arche de Noé mais sans humain. Le compteur Geiger était silencieux confirmant l’absence de radioactivité, Que s'était il donc passé pour que tout soit ainsi désert ? Ils allumèrent leur radio portable et même hors de l’abri, le balayage complet de la bande hertzienne ne produisit que des grésillements, visiblement aucune station ne fonctionnait. Quel mystère !  Comme prévu dans le protocole “sortie”, ils devaient prendre leurs véhicules pour rejoindre le village  le plus proche et découvrir, peut-être, ce qui y était arrivé.

Catherine était mariée avec Emmanuel, le fils de Joseph, ils ont 4 enfants, 2 filles et 2 garçons, les jumeaux. Elle a fêté ses 45 ans dans l’abri, et avec Manu son aîné d’un an, ils ont subi un entraînement de choc par papy Joe selon un programme fruit de son expérience et de ses lectures.

D’abord leur mentor fut un certain Mike Horn, célèbre aventurier de la fin du XXe siècle, qui avait poussé les limites de la survie dans à peu près toutes les situations, ils avaient tout lu, tout visionné et tout mis en pratique des conseils du grand Mike.

Mais ça ne suffisait clairement pas, car ce qu’il avait fait relevait  plutôt de la performance sportive, du dépassement de soi et surtout propre à un monde en paix, c’était la base, mais bien insuffisant désormais. Sachez que Joseph était un ancien légionnaire qui avait bourlingué sur tous les continents, alors forcément il rajouta à leurs aptitudes, la formation militaire, ... le combat. Tout ceci de son point de vue était essentiel pour vivre et survivre. Alors face à l’inconnu de cette situation, ils bénissaient la prévoyance de l’ancêtre. Ils se sentaient adaptés pour explorer cet étrange nouveau monde. Les  fils aînés, âgés de 21 ans,  les filles de 15 et 17 ans,  avaient à peu près suivi la même voie, en pratiquant leurs points forts respectifs pour être complémentaires. Je reviendrais sur les jeunes plus en détail un peu plus loin.

Tout était calme et silencieux, le soleil brillait, l'air était pur, c'était vraiment rassurant. Manu verrouilla l’abri, et ils partirent en deux groupes de trois, dans les deux véhicules blindés qui les attendaient bien bâchés et à l’abri dans leur garage qui était lui même un véritable blockhaus sécurisé. C’était deux énormes hummers de l’armée américaine, achetés en Allemagne quand les bases renouvelaient leur matériel.

Ils étaient conduits par les jumeaux comme prévu, ils s’y étaient entrainé pendant des mois avec un grand plaisir et un certain talent, ils avaient la jeunesse, les réflexes, la vue et la témérité aussi des jeunes hommes. Ils se frayèrent prudemment un chemin au milieu de cette ménagerie, les animaux semblaient en parfaite santé, nullement affectés par la catastrophe d’il y a six mois. C’était vraiment déconcertant. Pour ainsi dire la nature avait repris ses droits. Les cochons côtoyaient des biches, les chiens étaient devenus les maîtres des lieux, et surtout les paturages étaient envahis redevenant des forêts adolescentes.

Ils approchèrent prudemment du petit village normalement peuplé par six cent habitants…

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Episode 3

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Ils roulaient au pas, bien espacés de vingt mètres, leurs compteurs Geiger restaient totalement muets. Ils avaient envie de quitter leurs masques, mais c’était prématuré tant qu’on n’avait pas un minimum de compréhension de la situation qui était inattendue et pour le coup plus que bizarre. Ils avaient préparé plein de scénarios, apocalypse nucléaire, bombardement classique de masse, pandémie, occupation militaire, … mais là ils étaient déconcertés, ils étaient face à un mystère à résoudre, une situation inconnue et donc pour le moment, la sécurité était essentielle: on reste masqué, casqué et arme au poing !

Ils avaient ressenti une suite étrange d’émotions: légitime angoisse à l’ouverture du sas, peur en sortant, stupéfaction devant ce désert humain, et maintenant ils étaient agacés de ne rien comprendre, WTF ! résume bien leur pensée de l’instant, pas âme qui vive. Le Soleil, haut dans le ciel, tapait comme une brute, heureusement que ces véhicules avaient la clim, car avec combinaison, casque et masque, ils suffoqueraient et de toute façon c’était interdit par le règlement, seule Catherine pouvait donner l’ordre de quitter tout cet équipement.


Le thermomètre indiquait trente huit degrés !!  Houla mais il était dix heures  du matin, en février, à mille deux cent mètres, alors là ça n’était pas du tout normal. Était-ce un début d’explication ? d’ailleurs les animaux avaient cessé leur déambulation et s’étaient tous réfugiés à l’ombre des bâtiments ou dans les bois, la plupart s’étaient couchés et dormaient. Catherine pensa, “Mais alors combien fait-il en bas, dans le sud ? forcément plus, il y a en général une dizaine de degrés d’écart, alors quarante huit degrés à l’ombre, à Nîmes, c’était un genre d’enfer, qui pouvait vivre ainsi, il y fera combien à quatorze heure ? et combien l’été encore lointain ? cinquante, cinquante cinq ?  ça donnait le vertige et c’était terrifiant !

Après avoir quadrillé toutes les rues du petit village, il était évident qu'il était vide. Ils remarquèrent qu’il n’y avait quasiment plus de voitures. Mais où étaient-ils tous partis ?

ils se garèrent à coté de la mairie que Catherine avait décidé d’explorer, c’était le protocole du J1 préparé par papy Joseph. En effet la priorité était de récolter des informations, vieux réflexe de légionnaire, car le renseignement c’est la base de toute guerre, et là c’était pire qu’une guerre. Il se regroupèrent dans le hall et à leur grande surprise, l’électricité fonctionnait encore, le dernier maire, visionnaire, avait fait les travaux nécessaires pour rendre les locaux autonomes. Comme quoi dans les campagnes les gens ont souvent plus de jugeote, de bon sens et de prévoyance que les rêveurs de citadins, ou peut-être avait il été influencé par l’activité survivaliste de Joseph...

Il faisait vingt deux degrés, incroyable, même la clim semblait fonctionnait, à moins que ça ne soit grâce aux technologies de maison modernisée que celà était possible.

Catherine commença leur premier briefing de surface:

“Bon soyons réaliste, la faune et la flore se porte à merveille, il n’y a aucun cadavre nulle part, les compteurs geigers sont muets, on peut au moins retirer nos masques, mais les uns après les autres à cinq minutes d’intervalles, je commence”

Toute la famille avait les yeux fixés sur son visage, son mari Manu surveillait son pouls grace à un multiparamètre de poignet, un genre de montre doté d’un écran tactile de quelques centimètres de coté, où s’affichaient toutes les données vitales. Ils étaient équipés comme des astronautes.

Elle respira lentement et ne sentit qu’un agréable parfum, celui de fleurs sauvages qui avaient poussé dans les bacs à géraniums du hall. Après une minute elle afficha un large sourire et ne put réprimer sa joie. Elle tapa frénétiquement dans ses mains en hurlant un “Yesss !”  Manu prit la suite avec le même succès. Du coup les jeunes, lassés par cet excès de prudence “de vieux”, comme ils disaient, quittèrent tous ensemble leur masque à gaz sous les vaines protestations de leurs parents.


C’était quand même un sacré soulagement de savoir que l’air était respirable et sans radioactivité. Visiblement leur petit coin de montagne n’avait pas été touché par la catastrophe. Mais alors pourquoi diable les habitants, leurs voisins, leurs amis, avaient ils fui, c’était totalement illogique, il y avait pourtant bien une bonne raison, mais laquelle...

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Episode 5

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Manu enchaina:  

“Bien ! Papa avait l’habitude des missions en terrain hostile, ces consignes sont claires, explorer tout, chaque papier, chaque tiroir de chaque placard, chaque poubelle et comme l’électricité fonctionne, chaque ordinateur. Même si c’est une petite mairie, elle est attenante à l’école et à l’église, on doit tout inspecter”.

Ils ne seraient pas trop de six pour faire méticuleusement tout ça. 

Catherine répartit les taches:
“Jules et Jim, les jumeaux, votre priorité sont les ordinateurs, vous êtes les plus calés, et il y en a partout, surtout dans la mairie. Les filles, vous avez l’age de retourner à l’école”

“ha ha ha, trop drôle maman ! c’est quand même une école primaire ! Mais on y retourne en mode inspectrice, donc j’accepte.” dit Christine sur un ton faussement énervé

La plus jeune, Félicia, répliqua sarcastiquement, “évidemment toi, tu vas aller à l’église, ça a du tellement te manquer, la petite chapelle de l’abri c’était vraiment pas terrible. Mais honnêtement j’y passerai ensuite, mamounette, je prierai pour nous.”  

“Ha les ados” pensa Catherine en souriant “Oui c’est une priorité, une prière s’impose, car nous sommes tous en vie. Papa lui va se tenir là dans ce bureau, il récoltera toutes nos infos et sera chargé de les étudier, de les exploiter, de réfléchir, pour essayer de comprendre la situation. Allez au boulot” !”

C'était là que son QI exceptionnel pouvait faire la différence, il captait toujours tout plus vite que les autres. C'était énervant évidemment, mais aujourd'hui, tout le monde était bien content qu'il soit là. Surtout sans téléphone, Internet, Google etc...

Et voilà notre famille en mode inspecteur Columbo, chacun ayant clairement sa tache attribuée. On a beau dire, quand un groupe est bien préparé et bien commandé, l’efficacité est au rendez-vous. Nous allons suivre Catherine pour commencer, ...

- Camille Catherine -

Née dans le Berry, la jolie rouquine au yeux verts ne passait jamais inaperçue. Et cet éclat naturel, souvent pénible dans son enfance, elle avait à onze ans décidé d’en faire une force, celle de la séduction. Car s’il est vrai que la plupart des femmes jalousaient son charisme, forcément les messieurs se trouvaient plutôt désarçonnés à chaque regard langoureux ou battement de cils.

C’est ainsi, que voulez vous y faire ? la beauté ne sera jamais neutre ou  inutile en société, c’est un réel pouvoir.

Issue d’une famille qu’on qualifiera à ce stade de compliquée, la rencontre avec Emmanuel fut le tournant de sa vie, vive les soirées étudiantes. Et c’est avec une grande sincérité qu’elle avait intégré sa famille à vingt ans, devenant très vite proche de Joseph qui trouva en elle la fille que sa femme n’avait pas eu le temps de lui donner. Il faut dire que leur tempérament énergique y avait bien aidé, et elle fut la première à adhérer au projet fou de celui qu’elle appelait “mon légionnaire”.

La complicité fut totale et croissante pendant les vingt années où ils furent quasi fusionnels. Aussi elle se retrouva logiquement et naturellement nommée “commandante” de l’équipe par Jo, un choix unanimement accepté tant il fut une évidence. De toute façon, Emmanuel et son HPI, Haut potentiel Intellectuel, avait le cerveau bien trop bouillonnant pour organiser, planifier, gérer méthodiquement et efficacement. Ils étaient un peu le feu et l’eau, et si le feu est une terrible puissance, il ne peut pas commander sereinement. Ils étaient véritablement fait l’un pour l’autre, chacun comblant les lacunes et lissant les défauts de l’autre.

Son enfance pénible l’avait très tôt amenée à découvrir la foi et ses bienfaits. Profondément croyante, elle ne pu réprimer quelques larmes en pénétrant dans la petite église qu’elle connaissait si bien. Elle avança vers l’autel en mettant un genou à terre tous les trois pas pour réciter une prière pour chaque membre de sa famille. Elles commençaient toutes par “merci mon Dieu, …” .

Puis elle alluma un cierge à Marie et bien sur à Saint Joseph, en remerciant son “légionnaire” d’avoir permis tout ça, elle sortit sa photo de sa poche et l’embrassa tendrement

“Merci Joseph, mon vrai papa, toute ma vie je te remercierai, et si tu me vois de là haut, tu peux être fier de toi car tu as sauvé ta famille. Je t’aimerai toujours du plus profond de mon cœur”.

Une deuxième vague de larmes vint troubler ses beaux yeux. Elle resta ainsi une dizaine de minutes, isolée dans la prière, dans cette ambiance si sereine, si spirituelle d’une austère petite église de montagne...

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Episode 7 du Week-End
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Apaisée, elle se moucha et sécha ses larmes “Bon allez, je dois fouiller les lieux, à la recherche du moindre indice” pensa t elle. Et la voila à quadriller les allées, en ramassant le moindre bout de papier, puis elle regarda le confessionnal, puis autour de l’autel. La récolte était maigre, car cette satanée femme de ménage était sacrément efficace. Elle n'avait qu'un petit bout de papier avec un numéro de téléphone. Ha si seulement le réseau fonctionnait encore, elle l'aurait composé pour avoir des réponses.


Bon,  aux quartiers du prêtre maintenant. Elle poussa la petite porte du fond de l’église  et découvrit l’intimité de l’abbé Clément, un ami, et c’est avec une certaine gêne qu’elle ouvrit les placards, les tiroirs des commodes, mais au diable le respect, à la guerre, comme à la guerre, il comprendrait s'il était encore en vie.

Mais là aussi, totale déception, aucune information à se mettre sous la dent, elle s’en doutait un peu. Elle allait partir quand elle aperçu un petit papier sous l'armoire du bureau. La fenètre étant ouverte, le vent avait l'y envoyé. Pleine d'espoir elle s'accroupit à nouveau, ultime prière en ce lieu, pour l'attraper. Elle sourit enfin en lisant: "communiqué urgent du maire" , un laconique message qui datait de huit jours après leur descente dans l’abri:

“Rendez-vous ce soir 18h00 devant la Mairie, la Préfecture m’a donné des ordres, tout le village est concerné. Votre présence est obligatoire !”

Elle retourna auprès de Manu pour faire son rapport et lui donner ses deux documents.

On savait du coup quand les choses avaient empiré, il fallait trouver trouver le contenu du message de la Préfecture pour avancer à grand pas dans ce mystère.   Elle ne doutait pas que la mairie détenait cette réponse et que les jumeaux la trouveraient, ils étaient tellement brillants avec des ordinateurs.

Nous allons d’ailleurs les rejoindre...

- Les jumeaux, Jules et Jim

Alias J&J ou Ji-Ji ou dji-dji, nos faux jumeaux étaient un peu des vedettes. Il faut dire que des faux jumeaux, aussi différents, ça n’était pas banal. Jules était le clone de son père Manu, un brun ténébreux, type sicilien, alors que Jim était le flamboyant étendard de sa mère avec ses cheveux roux et ses yeux clairs. Étonnante génétique qui permet à deux frères différents de naître en même temps. Certains les appelaient parfois trivialement, le rouge et le noir, ça n’était pas très élégant, mais bon, chacun son humour à la noix.

Mais eux s’en foutaient comme de leur première paire de baskets. Ils étaient soudés comme deux siamois, ces moqueries n’avaient eu qu’un seul effet, les rendre encore plus forts. Leur grand-père n’y était pas pour rien, car vous vous doutez bien que ses premiers petit-enfants, deux garçons, il avait voulu en faire des hommes, des vrais, et il y avait totalement réussi. On a beau dire, quand on est deux dans la vie, tout est plus facile, et dans tous les domaines. Bref à vingt et un ans, ils n'étaient clairement pas les “adulescents” amateurs de pokémons, pizzas et jeux vidéos qui pullulaient, mais de jeunes guerriers prêts à survivre.

Sur les cinq ordinateurs des différents bureaux, un seul semblait intéressant car les autres avait été curieusement réinitialisés, surement une des consignes préfectorales, ils n’avaient peut-être pas eu le temps pour celui la, ou n’avait pas réussi. C’était la plus vieille bécane qui tournait encore sous un environnement de dinosaure, windows XP. C’était une bénédiction pour les deux bidouilleurs, car plus les systèmes sont vieux, et plus ils sont vulnérables et simples.

Ils craquèrent le mot de passe en cinq minutes, et commencèrent à visiter l’antiquité qui avait bien trente années, comme quoi l’obsolescence programmée n’était pas encore la règle...