La vie d'après

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La vie d'Après

où la folie des hommes
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- Première sortie

2043 année chrétienne, Catherine et sa famille avaient passé six mois dans leur abri anti atomique. Cette lubie de son grand-père dont tout le quartier se moquait. Cet homme avait consacré sa vie entière à sa réalisation, son optimisation, l’améliorant sans cesse et assurant la formation de son fils et sa belle-fille et leur quatre enfants à la survie. Le vieux Joseph avait connu la 3e guerre mondiale de 2037, déclenchée à cause des pénuries d’eau, de pétrole, de gaz et surtout de nourriture à cause du réchauffement planétaire. Il y avait survécu dans son petit coin de Lozère, en vivant comme un sauvage dans les bois.

Cette véritable épopée survivaliste avait fait germer dans son coeur une profonde haine de l’espèce humaine “Saleté d’homo sapiens qui a tout détruit ici bas, je vous déteste”. Cette misanthropie s'arrêtait à sa famille qu’il voulait à tout prix préparer au fléau suivant.

Aussi, il avait conçu un abri enterré qui répondait aux critères les plus exigeants, ceux d’une apocalypse nucléaire. Tout le monde jasait et riait quand une noria de bétonnières et de camions de ferrailles avait suivi les pelles mécaniques. Mais tel le facteur cheval et sa brouette, il laissait glisser les railleries car il savait, il avait l'intuition, qu'il avait raison avant les autres.

Après deux années de conception et fabrication, il était fier et surtout heureux de l’oeuvre de sa vie comme il disait. Il savait que si le pire arrivait, ses six amours auraient une sacrée chance d’y survivre. Il avait tout vendu, la maison familiale, ses actions, ses voitures, pour investir dans tout ce qui était indispensable. D’ailleurs l’abri était devenu sa maison. Il faut dire qu’il n’avait pas plaisanté  ! Il avait tout lu sur les abris, la vie en stations spatiale, les bases de la survie, l’autonomie énergétique, hydrique et alimentaire.

Il avait même canalisé la petite rivière qui apportait en permanence une quantité d’eau pure plus que suffisante qui arrivait dans une petite station d’épuration, deux précautions valent mieux qu’une. Tenez vous bien ! il y avait de l'hydroponique pour produire des légumes, une centrale thermique qui pouvait bruler n’importe quoi, même si le recyclage était la règle numéro un en milieu clos. L’abri étant enterré, la température était constante à quatorze degrés quelle que soit la saison. Chauffer la pièce de vie, c’était une plaisanterie et il avait du précieux mazout pour deux ans. Mais il avait aussi installé des panneaux solaires au point le plus haut de la montagne, reliés à l’abri par une tranchée de cinq cent mètres, enterrée à un mètre de profondeur.

Je passe rapidement sur les provisions en conserve, la viande et le poisson séché, les barres énergétiques, le lait en poudre, etc… de quoi se nourrir pendant plus de trois ans pour dix personnes. Dortoirs individuels pour permettre la coupure avec le groupe, salle de sport, pour se défouler et entretenir la santé, les vélos étant évidemment producteurs d’électricité, faut rien laisser perdre. Armurerie sécurisée à deux clefs, salle numérique avec radio HF, Internet satellite, ordinateur, vidéo caméras, il en avait placé un peu de partout dans un rayon de vingt mètres, etc. etc… Bref tout ce qui pouvait servir à se tenir informer et communiquer.

Je ne vais pas vous faire un descriptif exhaustif, il y en aurait pour un long chapitre ennuyeux, disons simplement qu’il avait essayé de tout prévoir. Son fils, Manu, ingénieur en génie civil et sa belle-fille, Catherine, Biologiste, l’avait évidemment grandement conseillé….

- Les jumeaux, Jules et Jim

Alias J&J ou Ji-Ji ou dji-dji, nos faux jumeaux étaient un peu des vedettes. Il faut dire que des faux jumeaux, aussi différents, ça n’était pas banal. Jules était le clone de son père Manu, un brun ténébreux, type sicilien, alors que Jim était le flamboyant étendard de sa mère avec ses cheveux roux et ses yeux clairs. Étonnante génétique qui permet à deux frères différents de naître en même temps. Certains les appelaient parfois trivialement, le rouge et le noir, ça n’était pas très élégant, mais bon, chacun son humour à la noix.

Mais eux s’en foutaient comme de leur première paire de baskets. Ils étaient soudés comme deux siamois, ces moqueries n’avaient eu qu’un seul effet, les rendre encore plus forts. Leur grand-père n’y était pas pour rien, car vous vous doutez bien que ses premiers petit-enfants, deux garçons, il avait voulu en faire des hommes, des vrais, et il y avait totalement réussi. On a beau dire, quand on est deux dans la vie, tout est plus facile, et dans tous les domaines. Bref à vingt et un ans, ils n'étaient clairement pas les “adulescents” amateurs de pokémons, pizzas et jeux vidéos qui pullulaient, mais de jeunes guerriers prêts à survivre.

Sur les cinq ordinateurs des différents bureaux, un seul semblait intéressant car les autres avait été curieusement réinitialisés, surement une des consignes préfectorales, ils n’avaient peut-être pas eu le temps pour celui la, ou n’avait pas réussi. C’était la plus vieille bécane qui tournait encore sous un environnement de dinosaure, windows XP. C’était une bénédiction pour les deux bidouilleurs, car plus les systèmes sont vieux, et plus ils sont vulnérables et simples.

Ils craquèrent le mot de passe en cinq minutes, et commencèrent à visiter l’antiquité qui avait bien trente années, comme quoi l’obsolescence programmée n’était pas encore la règle...

...
Le dossier documents, la corbeille, les boites mails, étaient vides, pas de surprise, sauf qu’ils avaient leur trousse à outils. Ils gardaient jalousement des utilitaires de maintenance remontant aux premières décennies de l’informatique et sur tous les supports, CD, DVD, Mémoires USB et  cartes. Ils étaient habitués à ce que beaucoup de sociétés ou d’administrations s’accrochent à des systèmes anciens, mais qui tournaient correctement, merci les plans d’économies. Après tout pourquoi changer un truc qui fonctionne, c’est du gaspillage.

Effectivement ce PC n’avait qu’un lecteur de CD, ils dégainèrent leur “magic tools”, des utilitaires de la fin du vingtième siècle. Redémarrage administrateur, craqueur de mots de passe, nettoyage des disques mécaniques, Etc… toute une époque qu’ils n’avaient pas vécu mais qu’ils avaient apprise par eux mêmes. Cette fois c’était le scanner des zones effacées, “Quick Restorator” qui allait leur sauver la mise. Et oui car la plupart des gens croient que quand ils effacent un fichier ou vide la corbeille, ils ont supprimé des informations, et bien pas du tout, elles sont toujours écrites sur les galettes du vieux bouzin. En fait quand on veut rapidement détruire des choses compromettantes, il faut retirer le disque et l’emporter ou lui filer quelques bons coups de marteau. Tout ça le personnel de la petite mairie l’ignorait et de toute façon n’aurait pas su le faire.

Jim adorait ça, l’archéologie numérique, il avait depuis l’enfance toute une collection de vieilles machines et savait toutes les utiliser, il se régalait de suivre leur évolution comme un ethnologue s’émeut devant un fossile de cro-magnon. En fait il comprenait tout ça car il avait pris l’histoire depuis son début, son cerveau devait probablement passer en mode binaire quand il entrait en transe devant un problème à résoudre. Manu les avait informer que leur priorité était le courrier de la Préfecture de Lozère, Mende.

“Bingo, voilà les mails,  Yess ! La vache,  y’en a un wagon, mais le code de leur date va me guider très vite vers ce foutu communiqué”

Jules au contraire détestait ça, il n’était pas conservateur de musée disait il souvent pour taquiner son frérot. Il était à contrario, à la pointe, toujours le premier à tester les version beta de toutes les innovations. Il était clairement inutile à cet instant et devait bien admettre que la passion de son frère s’avérait être bien plus utile que le mépris qu’il avait pour ces vieilleries.

“T’es sérieux ? plus jamais je ne me moquerai de toi et de toi et tes toiles d’araignées”

“On fait la paire Rulio, c’est ça qui est cool, et c’est ça qui va nous servir, à commencer par tout de suite, car le communiqué du préfet, le voila !!!”

Il se levèrent et sautèrent en se percutant la poitrine, c’était leur rituel de victoire

“Voyons si une imprimante répond à ce vieux machin” Imprimer c’était la base de n’importe quel bureau, aussi ça fonctionna, sans aucun souci. Ils lurent stupéfait le papier…

“Vite apportons ça à papa”

- Emmanuel

Né en 1999, celui qu’évidemment tout le monde appelait “Manu” avait neuf ans quand sa maman décéda en 2008, terrassée en deux mois par une leucémie aiguë. Le fils unique de Joseph, bien qu’encore un enfant avait promis à Lisette sur son lit de mort de se battre et de la rendre fière. Canalisant son intelligence H.P.I. hors normes, il ne cessa de briller dans ses études en sautant les petites classes, le baccalauréat à quinze ans, puis avec un statut de major chaque année à l’université. Il avait deux doctorats menés de front, génie civil à vingt trois ans, physique et chimie, décalé  de deux ans, car il avait éprouvé le besoin de lâcher la pression en faisant un tour du monde avec son père après son premier diplôme.


Ce personnage exceptionnel, à seulement 25 ans, était doublement thèsé et avait fait un tour du monde !  C’est peu dire qu’il avait tenu la promesse faite à sa maman agonisante, et c’est peu dire comme son père était fier de lui. Pourtant il restait un homme très simple, sans arrogance, car comme il aimait à le répéter, “tout ça ne m’a demandé aucun effort, je n’ai aucun mérite par rapport à ceux qui cravachent pour y arriver”. Une lucidité qui prouvait à quel point il avait une intelligence multiple. En toute circonstance il essayait toujours de se refreiner dans des discussions ou même au quotidien, pour ne pas être rejeté par les autres, lassés, agacés par sa supériorité intellectuelle qu’il savait être humiliante pour monsieur tout le monde.


Il avait pris le bureau du maire qui était ma foi le plus confortable, et y avait disposé ses fiches  "protocole survie" et surtout toutes les infos des jours qui précédèrent leur décision de descendre s’enfermer 6 mois. A peine 4 ans après la dernière guerre mondiale surnommée guerre éclair qui avait surtout été une somme de révoltes civiles de part le monde mais qui avait quand même connu deux terribles faits: l’invasion de Taïwan par la chine en 2037, et la vitrification de l’Iran à la suite de nouveaux attentats aux USA à cause de leur attaque nucléaire sur Jérusalem.

Cette épouvantable catastrophe avait mis fin brutalement à la guerre tant elle avait terrifié toutes les populations. Ce fut un genre de Hiroshima puissance mille qui rappela à tous les dirigeants, ce que signifiait être la première puissance militaire. Et oui quasiment un siècle après la reddition nippone, le monde avait peut-être besoin d’une piqûre de rappel.

Il s’en suivi une longue période de calme total, qui hélas ne fut que de courte durée. C’est dans cette période que Joseph prit la décision lucide de construire son abri et de préparer sa famille à ce qu’il savait prévisible, … le classique désir de vengeance.

Le monde était à nouveau divisé en 2 blocs et les incidents étaient réguliers, surtout en Europe évidemment…

J&J arrivèrent en courant dans le bureau du chef du village, ils tapèrent machinalement à la porte:

...

- Le communiqué

J&J arrivèrent en courant dans le bureau du chef du village, ils tapèrent machinalement à la porte:

“Monsieur le maire, pouvons nous entrer ? nous avons fait une découverte majeure dans le seul ordinateur opérationnel”

“Je suis très occupé, le téléphone ne cesse de me déranger et ma secrétaire qui est en vacances !   Pfiou pas facile la vie d’un petit élu de montagne, mais bon si c’est urgent entrez”

Ils avaient pris la décision d’utiliser l’humour aussi souvent que possible pendant leur enfermement, car il avait cette merveilleuse faculté de faire retomber la pression en dédramatisant tous les problèmes. C’était de toute façon grandement conseillé dans les ouvrages des astronautes qui devaient cohabiter des mois sans réel espace vital. De toute façon c’était naturel chez eux, ça tombait bien.

“Voila, on vous l’a imprimé, c’est tout ce qu’on a trouvé, mission terminée pour nous.”
Manu lut le papier en pensant que Arnaud avait eu encore une fois raison, les hommes sont fous à lier et ce qui était arrivé il y a 6 mois n’avait pas du être drole.
Il posa le papier lentement  “Et c’est repartit !” dit il d’un ton découragé et le regard éteint.

Certes il n’avait pas la réponse sur les 6 mois écoulés, mais ils savaient pourquoi le village était vide. Ce qui était encore plus inquiétant, c’est que personne n’y était revenu, et ça il ne le découvrirait surement qu’en descendant en ville

Découvrez le courrier préfectoral dans le spoïler ci dessous:

“Tu en penses quoi papa ? “ demanda Jim

“Que je deviens comme Papy Jo, l’espèce humaine ne mérite pas d’être sauvée, et s’ils se sont anéantis et bien tant mieux. J’ai eu une chance incroyable en fouillant ce bureau car j’ai trouvé un journal datant de notre descente dans l’abri. Un bombardier russe a été abattu à la frontière norvégienne et les coréens ont coulé un porte-avion chinois. Il semble que la 4e guerre mondiale a éclaté il y a six mois. Attendons les infos des filles et puis on verra ce qu’on décide.”

Camille prit ses 2 garçons dans les bras et le serra très fort, une larme coula, surement une avant-garde des jours à venir. Manu était là, prostré, accoudé au bureau et la tête entre ses mains. Après quelques secondes, il bascula mollement en arrière, avachi contre le dossier il regardait dans le vide.

Jules secoua sa mère “courage maman, même si on n’y croyait pas, si on gardait l’espoir que tout ça n’arrive pas, on y est, et on a été préparés pour ça. Encore une guerre et comme toutes les guerres elle a un début et aura une fin” C’est ça la force de la jeunesse, cette volonté de vivre, de voir plus loin, il avait raison évidemment, sinon à quoi bon tout ça ?

Jim surenchérit “la dernière guerre fut tellement violente qu’elle ne dura qu’un an et demi, alors celle la a peut-être été encore plus destructrice et est déjà finie. Si les villageois ne sont pas revenu, il est possible qu’ils soient tous morts, comme une grande partie de l’humanité, et Basta ! comme aurait dit pépé.”

Manu sortit de sa torpeur “C’est bien toutes ces hypothèses les gars, vous alimentez mon usine à résoudre les problèmes. Voyons ce que le filles vont nous apporter puis descendons dans la vallée”

En parlant des filles, les voilà, elles firent une  entrée fracassante:

“On a trouvé une info très importante !! ”...

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Episode 13

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- Maeva & Félicia

Maeva a eu 17 ans dans l’abri, c’est une fille sage, studieuse, méthodique. Elle n’a hélas plus l’opportunité de réaliser son rêve, du moins pas dans l’immédiat, devenir Professeur d’Histoire. Elle mesure 1m80 et a cette élégance naturelle dans les gestes et les déplacements qu’on pourrait comparer au cygne. Elle est d’une grande douceur, une grande délicatesse, bref c’est un genre d’ange, totalement anachronique dans ce monde de brutes.

Félicia est donc la petite dernière, et adolescente de 15 ans, elle assure sa double réputation, c’est un genre de teigne, insolente, provocante, et d’une très grande combativité. Toujours décoiffée, du haut de son mètre 65, elle a plus l’air d’une sauvageonne à dompter, que de la sœur de Maeva. Malgré ça tout le monde l’adore car elle restera toujours le bébé de la famille.

Maevacommença son rapport:
“Nous avons fouillé les 2 classes et la moisson est prometteuse. Dans la première, celle des petits, il n’y avait vraiment rien d’intéressant, ce qui est normal puisqu’elle accueillait les moins de 8 ans. Par contre dans la classe des grands, l’instituteur, oui je tiens à ce nom désuet, mais pourtant si noble, il a laissé un classeur de faits d’actualités étranges, qui n’ont rien à voir avec la guerre. On les a survolé …”

Félicia lui coupa la parole:
“Bon accouche Professeur ! il y a bien autre chose qu’une guerre, du moins c’est ce que ce prof signifie dans son dossier”

Maeva pinça sa soeur qui hurla, “On ne coupe la parole, mal élevée !”

“Je sais ! mais toi on est obligé, tu nous endors, … je fais ça pour les autres !!”

Le reste de la famille sourit à leurs habituelles chamailleries.

“Autre chose ????  donnez voir ce classeur” demanda Manu. Il ajusta ses lunettes et le parcourut très lentement sans sourciller. Tout le monde était suspendu à sa conclusion.


Pendant qu’il étudiait le dossier, Félicia lança, “Moi je sais ce qui est arrivé, j’ai mon idée,...”

Jules répliqua “Ha ouai, tu as des idées toi ? … Je te taquine, envoie ta théorie”

Avec la certitude propre à son age “Dieu les a puni, voilà ce que je pense !”

Stay tuned ...

Les 2 garçons éclatèrent de rire. Félicia les regardait fixement les mains campées sur les hanches

“Mais que ça peut être bêtes les garçons, ça y est ? vous avez fini ?”

Maevatint son rôle naturel de grande sœur et en vertu de l’inflexible solidarité féminine:

“Quand vous saurez le contenu du dossier, vous arrêterez de vous moquer de Félicia. Ce n’est pas parce qu’elle est la plus jeune qu’elle est niaise. Je vous rappelle qu’elle était première de sa classe, pas comme vous les 2 cancres.”

Elle avait distillé ces sages paroles d’un ton sec et professoral qui avait totalement bloqué les zygomatiques des 2 coquins.

Camille se délectait de la vivacité d’esprit de ses enfants, mais surtout de leurs caractères bien trempés et de leur complémentarité. Elle sentait que sa famille était bien armée pour affronter ce qui les attendait, elle avait confiance, et était fière d’eux, ils allaient faire plus que de la figuration, ils étaient vraiment devenus un genre de commando paré à toutes éventualités.

Un peu énervé, manu haussa le ton:
“Bon écoutez, préparez nous notre premier repas hors sol, et le plus loin d’ici si possible, j’ai besoin de calme, de silence ! Laissez moi seul que je me concentre sur tout ça, ne me dérangez pas, je vous rejoindrai quand je serai satisfait de mon travail. ”

Félicia se mit au garde à vous, en faisant claquer ses rangers et en saluant “Sir ! Yes Sir !”

Camille lui tira l’oreille, “allez arrête de faire l’andouille, laisse papa réfléchir” pendant que les 3 autres enfants pouffèrent  en sortant, mais quel clown cette gamine.

“Chéri nous allons dans la cantine municipale qui est le bâtiment en face, travaille bien, à tout à l’heure. Allez, allez les jeunes, vous n’avez pas faim ? “

Félicia comme d’habitude: “Enfin je ne toucherai à rien d’ici car ça a plus de 6 mois”

Maeva “Ha tu vois quand tu veux, tu ne dis pas que des âneries”

Manu se redressa et sur un ton froid et sans ambiguïté: “Assez, Dehors !!”

On aurait dit une envolée de moineaux quand le chat arrive, c’est qu'Emmanuel était un homme adorable, sauf que parfois il prenait  des colères impressionnantes, et là on en était très proche. Et personne n’avait envie de ça pour leur premier jour de liberté retrouvée....

la suite révélera le contenu du classeur, stay tuned  

- L’étrange classeur

Enfin tranquille il lisait ce fameux dossier, qui était constitué d’articles étalés sur environ 3 mois, que le Prof avait imprimés et regroupés par ressemblance, un vrai travail de limier.

- Premiere bizarrerie:
Disparitions mystérieuses de trois des plus grandes fortunes du monde. Des affaires non résolues et les polices n’avaient strictement aucune piste. Toutes les hypothèses avaient été proposées: rapts mafieux, suicides, extra-terrestres, changements d’identité, etc…

- Deuxième bizarrerie:
Proche de la première, mort accidentelle de trois autres milliardaires. Un américain a été foudroyé, parait il, sur son terrain de golf, un émir saoudien a été piqué par un serpent mortel, un chinois a péri dans le crash inexpliqué de son jet. Et tout ça dans la même semaine !
C’est peu dire que la peur avait gagné ce petit monde, il ne faisait pas bon être trop riche à ce moment, cela amusait beaucoup les populations qui y voyaient un genre de punitions.

- Troisième bizarrerie:
Deux grandes banques avaient été détruites, une anglaise par un étonnant tremblement de terre car très inhabituel et surtout très localisé. Une autre à Berlin par un virus informatique qui supprima toutes ses données et mis en panne tous ses serveurs. Il s’en était suivi un gigantesque vent de panique boursière qui avait ruiné en quelques heures des milliers d’actionnaires.


Il éprouva le besoin de sortir faire quelques pas pour réfléchir à ces faits qui semblaient clairement être liés. Qui pouvait bien en vouloir aux milliardaires ? Il n’était qu’à mi-classeur et il voulait déjà laisser son cerveau creuser des hypothèses avant d’en lire plus. En tout cas les filles avait fait très fort en trouvant ça.

Il déambulait au rythme d’un sénateur sur la petite place qu’il connaissait si bien et regarda vers le ciel bleu azur espérant y glaner une aide… qui ne vint pas. Vraiment il séchait grave, … et décida de rentrer pour lire la suite. Ha si seulement il pouvait joindre cet homme si observateur, il le connaissait vaguement, ces enfants étaient bien trop grand pour l’école primaire, et il était dans le village depuis trop peu de temps. Il regrettait vraiment de ne l’avoir rencontré car pour sur ils se seraient bien entendu...

A suivre  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]  [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]

Il commençait à avoir très faim, mais il lui était impossible d’interrompre son cerveau, qui comme le programme d’un supercalculateur tourne jusqu’à proposer le résultat. C’était plutôt pénible à vivre en fait, même si c’était souvent utile, … pour les autres.

Il retourna dans le bureau et là, Oh surprise, il ne rêvait pas, un superbe sandwich genre Pan bagnat l’attendait.  Avant de reprendre l’étude du dossier, il dégusta ce premier repas de surface avec délectation. Il mâchait chaque bouchée avec lenteur pour bien profiter de tous les goûts, toutes les senteurs, l'œuf, la tomate, la salade, l’huile d'olive, etc… il voulait tout reconnaître avant d’avaler, pas de doute c’était  le meilleur repas de sa vie. Comment avait elle fait ce petit miracle ? Elle l’impressionnait chaque fois par ses ressources, elle était son trésor, son pilier, c’est avec ces petites attentions qu’il savait à quel point elle lui était indispensable et elle comprenait le poids de ce cerveau bizarre. Peut-être serait il devenu fou sans elle,... il la suivrait partout, quelle femme !

Repu, il éprouva le besoin de refaire quelque pas, il retourna dans la classe de leur informateur, on ne sait jamais, il y trouverait peut-être un petit indice qui avait échappé à ses filles. Il s’approcha de la petite bibliothèque pour patiemment observer les livres un par un. Il y avait évidemment une majorité d’ouvrages scolaires, sans intérêt pour lui. Mais il y réalisa que c’était aussi les livres personnels de son villageois préféré. Un florilège étonnant: “les civilisations disparues”, “les OVNIS”, “les armes nucléaires”, “géopolitique mondiale du XXIe siècle”, “techniques de survie”, “secourisme”, etc… Cet homme était visiblement d’une très grande curiosité et que faisait il ici dans ce petit village ?  il devait avoir de bonnes raisons. Il sortit chaque livre, les secoua puis les feuilleta rapidement au cas où il y aurait eu des annotations, des papiers. Le plus usé était celui des “civilisations précolombiennes d’Amérique latine”. Il décida de l’emporter, il le lirait car visiblement c’était le plus important pour son ami absent.

Que ne l’avait il invité dans l’abri ! Quel dommage, quel gâchis ! Il avait néanmoins l’intuition que ce personnage n’était pas mort. Après cette récréation gustative et exploratrice, il était temps de découvrir les dernières informations du classeur. Il retourna dans ce qui était désormais son bureau, il avait tout exposé, épinglé des articles sur les murs surtout, afin d’avoir à chaque instant tout de disponible sous les yeux. Il s’assit et reprit la lecture...

Quatrième bizarrerie:
Dans les jours qui précédaient leur descente dans l’abri, des faits similaires eurent lieu dans plusieurs pays, et essentiellement les grandes puissances: des bases militaires subirent le même jour et à la même heure, des attaques électro-magnétiques inexpliquées et d’une puissance incroyable. Plus rien ne marchait, les radars, les radios, les ordinateurs, mais aussi les véhicules, toute l’électronique était grillée … forcément plus aucune mission n’était possible, aucun avion ou drone ne pouvait décoller, aucun missile ne pouvait être tiré, etc… ils étaient revenus subitement à une armée du XIXe siècle et même moins, car à pied  et sans chevaux ! Les plus frappées furent les puissances nucléaires. Comme tout cela avait été synchronisé et que tout le monde en avait pris pour son grade, il était évident qu’il s’agissait d’agressions mystérieuses, personne ne pouvant accuser l’autre.

L’impression générale était: “on dirait un genre d’avertissement, mais de qui parbleu ???” on évoqua Dieu, les extra-terrestres, les tempêtes solaires, des virus informatiques, les super-hackers anarchistes, l’armée secrète des francs-maçons, etc…

Cinquième bizarrerie
Plutôt sympathique celle là, qui nous rappela un film culte du XXe siècle *(voir nbp) , toutes les cages des zoos s’ouvrirent et les animaux envahirent les villes, y déclenchant une indescriptible panique. Évidemment très vite les félins se sauvèrent dans la nature avec quelques proies, ils n’allaient pas bouder un tel menu inattendu. Aussitôt la population prit massivement la défense des animaux, et empêcha qu’on les tue ou les recapture. Toutes ses villes étaient devenues “indiennes” avec leurs animaux sacrés en liberté, les singes firent particulièrement parler d’eux avec quelques faits d’armes loufoques, mais c’est un autre sujet.

Sixième et dernière bizarrerie
Au Pérou, de jeunes  archéologues français affirmaient avoir fait une découverte hallucinante dans un temple inca inexploré avant eux, mais là aussi c’est une autre histoire.* (nbp)


Il restait à relier tout ça !

Après une heure à cogiter, il dut renoncer, tout ça était incompréhensible, et après tout ce Professeur était peut-être un zigoto, il décida de rejoindre les autres,...

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notes bas de page (nbp)
* “l’armée des 12 singes” avec Brad Pitt et Bruce Willis
* lire la nouvelle “le temple d’Ayacucho” du même auteur
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A suivre, ...