Le temple d'Ayacucho (les Incas)

- Entrée, suite

Derrière Véronica suit sa meilleure amie, Béatrice, surnommée Piquouse, qu'elle rencontra pendant ses vacances d’été quand elles étaient toutes petites. En gros 15 ans d’amitié les relient en plus de leurs passions communes. C’est clairement un vieux couple solide, pont entre les deux jeunes couples de porcelaine, elles sont le noyau  du groupe.

Cette Romaine de 29 ans a 2 passions, la médecine et l’archéologie, du coup elle n’a pas pu choisir et elle a enchaîné les deux formations, infirmière et clone de la célèbre Professeure Eddie Sattler de Jurassic Park. Elle est d’une totale finesse, avec son 1,65m et ses 55 kilos, elle est l’agilité du groupe. Son sac à dos n’est rien de moins qu’un hôpital de campagne, elle a vraiment tout prévu, elle est tellement méthodique, rigoureuse et même un peu trop perfectionniste parfois, une source de chamailleries fréquentes avec son décontracté nounours, qui sait si bien improviser et réagir à l’imprévu, ce qu’elle déteste. Sa force pour le groupe réside dans sa grande capacité d’empathie et aussi d’humour et ça dans les moments difficiles ça vaut tout l’or des incas.

Aurélien a déjà commencé l’exploration d’une salle immense et totalement vide, ce qui le surprend c’est qu’à vue de nez elle fait au moins deux fois  la surface du rez-de-chaussée. Ce temple est il une pyramide enterrée ou un iceberg ? Pendant ce temps, les 2 amies papotent en admirant l’incroyable décoration des parois de l’escalier. Il n’y a pas un cm² qui ne soit pas sculpté. On y découvre des petites histoires qui mériteraient à elles seules une sérieuse étude. Elles se contentent de tout photographier, ce seront des travaux pour après leur retour, pour le moment il faut avancer, car si on s'arrête à étudier chaque détail, ils n’iront pas très loin.

Enfin fermant la marche, le mari de Béatrice, Arnold, surnommé "Rambo" , un franco-américain de 26 ans, rencontré sur un chantier romain il y a 2 ans, brillant lauréat de la faculté de Paris, thésard médaillé d’or pour son travail sur les civilisations antiques et leurs similitudes. Mais lui aussi a une deuxième passion, les arts martiaux, sur les tapis de judo ou de karaté depuis qu’il sait marcher,  il dégage une grande sérénité, cette fameuse force tranquille. Car si ces sports font de lui un combattant hors pair, il en a surtout appris une grande spiritualité asiatique avec ses rapports au corps et à la nature. Son 1m70 pour 70 kgs de muscles font de lui le “warrior” du groupe, mais aussi le philosophe, car il est incollable sur confucius ou les enseignements du Bouddha. C’est un amoureux de l’art antique et son idole est Champollion, son rêve est de pouvoir un jour déchiffrer des écrits anciens incompris.

Les présentations étant faites, ou presque, nous allons pouvoir parler de cette aventure qu’ils préparent depuis 1 an , mais dont ils ont rêvé toute leur vie. Comme tous les jeunes archéologues, ils ont baigné dans les aventures d’Indiana Jones ou du Professeur Grant. Et farfouiller des ruines romaines, et bien ils en ont assez !  Il fut très vite une évidence pour eux que les découvertes n’étaient possibles qu’en Amérique. Véronica et ses origines colombiennes n’y sont pas pour rien non plus. Allez, la partie de jeu de rôles peut commencer…

L’immense pièce est un carré de bien 30 m de côté, c’est le niveau -1. En plein milieu, il y a une croix dont les branches pointent vers  4 escaliers. Chacune est remplie de symboles qui doivent probablement expliquer les 4 destinations. Ils tombent d’accord pour dire que c’est un genre de hall d’accueil avec ses instructions, il ne manque qu’une hôtesse.

A n’en pas douter, les voilà à l’entrée d’un labyrinthe, aussi la rédaction d’un plan est d'une nécessité absolue, tout rôliste sait ça, c’est Wiki bien sûr qui se charge de cette tâche rigoureuse. Ils se retrouvent au centre de la pièce et tiennent un premier briefing car il y a 4 escaliers, aux 4 points cardinaux et ils ne savent pas par lequel commencer.

Ils commencent à essayer de déchiffrer les symboles au sol et sur le mur, mais ils se heurtent à quelque chose qu’ils ne connaissent pas, eux les 4 universitaires ! Eux qui croyaient être des experts, leur stérilité décisionnelle leur donna un sacré coup au moral et une rude leçon d’humilité...


A suivre

- Le 5e élément


Mais bien que performante,  leur équipe est loin d’être idéale, j’y vois quelques failles évidentes : leur très grande jeunesse, l’expérience nulle de l’exploration, la méconnaissance du terrain, le manque de roublardise, et bien sûr l’ignorance de leurs propres limites. Bref ils étaient bien conscients que sur le papier ils avaient tout pour réussir, mais la vie n’est pas un jeu virtuel, en fait leur expérience est au plus bas et cette lucidité leur fit prendre une décision:  il leur fallait un guide local. Mais hélas,  Mike Horn était indisponible, quel dommage ! c’était  leur blague préférée ;-)

En fait Véronica étant la plus expérimentée fit de nombreuses recherches et c’est finalement sa mère, militaire retraitée, qui leur trouva la perle, un certain François, qui intégra le groupe.

Cet ancien légionnaire italien de 40 ans, a roulé sa bosse sur tous les continents pour des missions très variées et toujours dangereuses. Il a fini à 35 ans par s’installer ici à Ayacucho, pour devenir un guide d’excursions atypiques, en forêt tropicale ou en montagne, car rien ne l'arrête. Il a une impressionnante maigreur du corps, témoin de son activité incessante et de son aptitude aux privations. Son visage buriné et balafré, dont jamais un rictus ne s’esquisse, a tendance à vous glacer le sang quand il vous toise d’un regard  aussi noir et impénétrable qu’une nuit sans lune. Les 4 jeunes se sentirent soudainement comme des gamins en sa présence et il leur était du coup encore plus évident qu’ils n’étaient que 4 intellos sportifs, mais surement pas des aventuriers, en tout cas pas encore. Aussitôt ils validèrent sa candidature et il devint pour ainsi dire le 5e élément.

“Alors les jeunes on veut jouer à Indiana Jones ?” dit-il avec un très léger ton moqueur

“Heu, non, pas jouer, mais explorer c’est sur, il faut bien commencer un jour” répliqua Béatrice

“On est tous des adorateurs de ces civilisations, les livres ça suffit, on veut voir ça de près, vous vous y connaissez vraiment ? ” dit Arnold sur un ton sec, un peu piqué dans sa fierté.

François le regarda fixement et après un interminable silence “J’ai jamais lu un seul livre sur les incas, mais je connais tous les recoins des 27 temples de la région, ça vous va ?”

Arnold intimidé, avala sa salive et baissa les yeux, “heu oui bien sur monsieur François, on est vraiment content de vous avoir avec nous, on a tant à apprendre”

En 3 échanges, les rapports de force étaient établis, on sait qui allait être devant,... même si pour le début quasiment touristique, il fermait la marche à distance, les laissant se roder, s’initier, il était déjà devenu plus que leur guide, mais leur tuteur, leur mentor es aventures…


Il les rejoignit au centre de la salle, et les laissa parler, en fait il les sondait et évaluait leurs tempéraments, leur intelligence et la hiérarchie du petit groupe. Il avait tellement l’habitude d’encadrer des jeunes recrues à la légion, qu’il voyait désormais très vite quels problèmes étaient prévisibles. Or dans une exploration, plus on anticipe et moins les incidents sont graves, et il y en a toujours. Ainsi à l’évidence c’était Véronica la leader, unanimement et tacitement choisie par les trois autres. Il ne détectait pas de tension particulière pour le moment, ce qui était une très bonne base en vue d’éventuelles difficultés.

Après 20 minutes de palabres, et de tentatives pour comprendre les symboles au sol, il se lassa , se rapprocha et les interrompit sur un ton taquin:
“ j’ai un jeu de cartes, On fait déjà bivouac ? Lequel avez-vous choisi pour commencer ?”

Ils se regardèrent un peu interloqués, ils n’en savaient toujours rien, cet homme avait raison, on n’est pas dans une bibliothèque, mais sur le terrain et les décisions doivent être plus rapides, ce fut en quelque sorte la Leçon 1 de l’adjudant François.

“Bon allez je vais vous aider, voilà 4 tiges de longueurs différentes, pour chaque escalier, la plus longue à midi et on tourne dans le sens des aiguilles d’une montre Qui tire ?”

Wiki se tourna vers Aurélien “vas y toi, tu es toujours chanceux aux jeux de hasard”

Il s’exécuta et tira la plus courte, c’est donc l’escalier Ouest qui allait ouvrir le bal.

Cette petite scène venait de parodier la phrase loufoque d’un film célèbre :

“Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche” (Un taxi pour tobrouk”)


A suivre

Il était clair qu’à partir de maintenant,  François allait devancer Aurélien, après tout c’est la fonction d’un guide. Le danger c’était maintenant  !!  Chaque pas pouvait créer une situation périlleuse, aussi il leur demanda de s’espacer et  de se taire pendant la progression; afin  qu’il puisse écouter les bruits. Il faisait quelques pas, puis stoppait pour tester le sol et écouter, tel un véritable félin en chasse dans la savane. Nos 4 novices sentirent vraiment le choc de la réalité, lire les aventures des uns ou des autres, jouer à Tomb Raider, c’est une chose, mais là s'engouffrer dans l’obscurité inexplorée,  c’était une autre dimension. Ils avaient tout simplement peur comme jamais dans leur courte vie. Car finalement tous ces jeux tournaient dans leurs têtes, et du coup ils s’imaginaient voir surgir une nuée de chauve-souris, un tigre ou pire, un monstre ! Ha Bravo les jeux vidéos !

L’escalier s’était terminé et il y avait devant eux un long couloir où ils devinaient des passages qui furent certainement des portes, Ils étaient au niveau - 2. C’était le moment de ne pas plaisanter avec le plan et la boussole. La température avait rapidement chuté, et oui sous terre il fait frais, elle venait de passer de 28° à 15° en quelques minutes, mais ça ils s’y attendaient évidemment.

Ayant perdu beaucoup de temps, le soir était là, enfin disons que leurs montres indiquaient 18h00. Sans repère jour/nuit pour plusieurs jours, il demeurait crucial de garder ces repères horaires pour avoir un bon timing des repas, des repos et des nuits.

François se tourna vers eux “Il est 18h00,  il faut gérer son effort, il est temps d’organiser le bivouac, nous allons explorer les 2 premières salles, ramassons tout ce qui peut brûler pour faire un petit feu, je vais choisir l’endroit que je pense idéal”

Tout le monde s’exécuta sans un mot, tant on sentait la grosse, grosse, habitude de leur guide, ha ça ils étaient contents de l’avoir recruté, un cinquième élément providentiel comme toujours. Les salles étaient étrangement remplies de débris, comme si à cette profondeur, cette stabilité thermique et l’obscurité permanente avaient servi de congélateur. Il y avait ce qui était clairement des restes de meubles, du bois très sec et dur comme du fer. Ils hésitèrent à en faire du bois de chauffage car après tout c’était des vestiges archéologiques, mais bon une exploration n’est pas une fouille intellectuelle confortable.

Après 20 minutes tout était prêt et le premier repas puis la première nuit allaient leur faire gagner leur premiers galons de vrais aventuriers. Ils étaient cette fois vraiment dans leur jeu de rôles réel, c’était une sensation fabuleuse, même si soyons honnête la peur dominait pour le moment, mettez vous à leur place.


Aurélien dégustait sa ration de haricots bien chaude “Profitons bien de ce repas chaud, on n’aura pas toujours du bois sous la main pour faire un bon feu”

Arnold approuva “C’est fou comme un feu c’est quelque chose d’important en exploration, il faut le vivre pour le comprendre, il te chauffe, te nourrit, t’éclaire, et te protège des insectes ou des prédateurs, c’est vraiment vital physiquement et moralement”

Béatrice, collée contre son Arnold , “Oui et on apprécie encore plus la chaleur humaine”

Véronica conclue “En tout cas moi je suis claquée, je pense que c’est l’excitation et le stress, après tout on est des bleus et sans François je ne sais même pas si j’aurai dormi ici”

Donjons et Dragons ou warhammer, voilà les univers dans lesquels nos 4 aventuriers passaient leur temps libre. En plus de  leur métier d'archéologue et de leurs différentes passions, ils avaient en commun, le jeu de rôles. Véronica, alias Wiki, était de façon implacable la maîtresse du jeu de leurs interminables parties qui duraient parfois jusqu’à l’aube. Elle avait cette faculté d’adaptation aux aléas qui fait que son récit n’avait pas d’équivalent. Ils se régalaient, à 4 ou parfois 5 ou 6 avec des invités, et ne se lassaient pas d’être ensorcelés par des mages maléfiques ou d’être dévorés par un troll des montagnes.

Alors forcément dans les souterrains du temple, et pour leur premier bivouac, toutes ces mésaventures revenaient à la surface, et le sommeil tardait à venir. Puis François se mit à chanter au coin du feu qui procurait une faible chaleur, beaucoup de lumière, mais surtout les rassurait, car tout le monde sait bien que les animaux ou les monstres craignent le feu… ;-)

La symbiose lumière, chaleur, doux crépitements et voix paternelle, leur apportèrent une paix relative mais suffisante pour qu’ils s’endorment.

Après tout, ils n'étaient qu’au Level 1,  toujours le plus difficile !

Demain sera plus facile,...



A suivre

Deuxième  jour


François réactiva les braises pour chauffer de l’eau et faire du café, quelle heure pouvait-il être ? ils étaient déjà perdus sans le soleil: 9h00 !  incroyable ! ils avaient si bien dormi, l’odeur du café stimula leurs sens et avait un goût de sortilège puissant, celui qui donne la force de se lever. Ils s’extirpèrent de leurs duvets pour aller soulager des besoins naturels et revinrent se blottir proche du maigre feu.

François, levé depuis on ne sait pas vraiment quand: “Bon les jeunes, j’ai exploré quelques salles, je pense qu’il s’agissait d’un genre de dortoirs, peut-être pour des moines, car les pièces sont toutes les mêmes et il y a des débris de bois qui font vraiment penser à des lits. Cette pièce est visiblement plus grande que la précédente et au bout du couloir il y a un escalier qui monte.”


Ils étaient épatés, mais un peu frustrés aussi car si François les devançait à chaque fois, ils étaient transformés en touristes en balade, chose qu’ils détestaient. C’est Béatrice qui sentit cette opinion commune “Mon Cher François, nous vous faisons confiance, mais s’il vous plaît, ne nous privez pas du plaisir de la découverte. C’est bien d’être protecteur mais là vous êtes carrément paternaliste.”

Ils hochèrent la tête en guise d’approbation collective. François sourit en stimulant les braises:
“C’est parfait, c’est un test que je fais avec tous les groupes, je vois ainsi leur mentalité, et surtout ce qu’ils ont dans le ventre. Votre réaction est très saine, vous êtes de la bonne graine.”

Arnold  surenchérit: “Ha Ha, c’est donc ça, nous sommes en stage là, et bien personnellement ça me va très bien, les petits citadins que nous sommes, avons soif d’apprendre”

François ajouta : “ Vous savez ça n’est pas un jeu, quand des problèmes graves surviennent, je me dois de les résoudre et il n’y a jamais 2 groupes identiques, hou que non ! Et comme il faut anticiper le plus possible: avez vous des armes ?”

Ils se regardèrent stupéfaits et lâchèrent en vrac “Pardon ? hein ? mais non, etc…”

François: “mais enfin on est dans la jungle, il y a des animaux sauvages, des serpents mortels, des araignées géantes, … ! vous vous croyez à l’abri dans ce temple ? grosse erreur car il a très bien pu servir de refuge et d’abri à tout un tas de bestioles, vous avez quoi ?”

Wiki “on a tous prévu le coupe-coupe syndical et un couteau chacun”

François “vous comptez affronter un puma au couteau ? bon j’arrête de vous taquiner, tenez j’ai avec moi 2 pistolets 357 magnum, qui a déjà fait du tir ?”

Aurélien “de l’airsoft toute ma jeunesse, puis un peu de stand à la carabine”

Béatrice: “moi aussi j’adore faire du stand, pistolet ou carabine”

François organisa le groupe: “Bien je serai devant avec mon fusil, suivi par Béatrice. Aurélien fermera la marche en couvrant nos arrières. Je vous montre le Magnum c’est simplissime. Arnold  et Wiki , vous gardez la machette en main et surtout vous nous éclairez bien”

Bon là c’était clair, ils avaient la trouille, dans quelle galère s’étaient ils lancé ? Mais peut-être qu’il exagérait un peu quand même. Dans le doute, ils obéirent sans discuter, ils se sentirent réellement devenu un commando de bleus qui allaient au feu pour la première fois.

Il était 10H30, le groupe démarra son exploration, pièce après pièce, comme l’avait déjà annoncé François, des salles très similaires avec des débris de bois fortement évocateurs de lits. Ils avaient trouvé le dortoir, ce qui les aidera à déchiffrer les symboles de la croix de la pièce d’accueil. Après 1 heure, ils avaient quadrillé le niveau, fait le plan et trouvé 2 escaliers, un qui montait et l’autre qui descendait. Celui qui montait était une évidence, selon le plan il rejoignait l’accueil, c’était celui de l’Est. Ils voulaient évidemment confirmer et tous approuvèrent le choix de monter. Sans surprise, les revoilà dans la première pièce, mais à l’opposé. Ils en profitèrent pour regarder les symboles au sol qui indiquaient logiquement les dortoirs.

Bon à présent ils pouvaient soit tester les escaliers nord et sud pour rester au niveau -2 ou retourner dans les dortoirs et descendre plus profondément, au niveau -3. Ils décidèrent logiquement et prudemment de finir le niveau -2. A la courte paille, ce fut le nord qui gagna. Avant d’y descendre, ils prirent une petite collation au milieu du hall qui devenait un genre de base, où ils déposèrent quelques fragments de meubles et de poteries qu’ils avaient jugés dignes de conservation.

Soudain Un coup de machette retentit sur le sol, ils sursautèrent et  virent François qui portait  un serpent décapité. “Vous voyez c’est un fer de lance, s’il vous mord ça ira très mal, celui là va nous servir de viande fraîche pour le souper.”

Level 2 : Go North

L’intermède du serpent avait clos le chapitre du doute sur les dangers, vive François !
Ils descendirent l’escalier nord, bien espacés, bien ordonnés, et surtout bien sur leur garde cette fois. En 24h ils avaient beaucoup grandi, et même s’ils avaient peur, ils sentaient bien que désormais ils étaient mieux préparés. Les voilà donc qui débouchèrent dans une pièce étrangement vide et surtout dont le sol , n'était pas de la pierre mais de la terre. Mais surtout le plus épatant c’était que la pièce était inondée de lumière par de grandes ouvertures, comme des grandes cheminées, dont l’intérieur était recouvert d’un matériau réfléchissant comme des miroirs, c’était ingénieux,, et quel bonheur de revoir le jour. De ce fait la pièce était envahie de toutes sortes de végétaux, mais le plus intriguant c’était ces pieds de maïs.

Wiki y alla de son explication: “Je crois comprendre qu’il s’agit d’un immense champ de maïs, qui était la nourriture de base des incas, pas de famine grâce à lui, ils en produisaient et stockaient de partout. On est peut-être dans une espèce d’agro-laboratoire où ils sélectionnaient les meilleurs plants.”

Arnold  “Oui tu as raison, ils étaient très avancés au niveau agricole, et avec cette serre souterraine, les plantes avaient température constante, lumière, humidité suffisante et un minimum de prédateurs, faciles à éliminer”

Béatrice émit une hypothèse “Cet édifice n’est probablement pas un temple, je n’ai rien vu de religieux pour le moment, pas d’idoles, ni de sculptures de leurs Dieux, ce devait être une espèce d’université ou de bâtiment scientifique.”

L’exploration fut facilitée par cette lumière inattendue. Le champ était bordé de salles où sans surprise ils trouvèrent des épis de maïs fossilisés, mais aussi d’autres légumes ou fruits. L’une d’elle était fermée par une porte encore conservée mais verrouillée.

En choeur : “Auré sois notre magicien”

Il sortit son attirail, stéthoscope, assortiment de clés et de tiges de fer, mais quand il voulu introduire quelque chose dans la serrure quelle ne fut pas sa surprise “La clef est toujours dans la serrure, la porte est fermée de l’intérieur, donc forcément par quelqu’un”

François remarqua leur désarroi:
“Hé bien soyons prudents, les tireurs en ligne à 2 m, les autres sur les cotés, Aurel va faire tomber la clef et la récupérer par dessous”

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- Rencontre inattendue

Il exécuta la manoeuvre sans difficulté et déverrouilla la porte; mais alors qu’il s'apprêtait à l’ouvrir, une voix perça le silence:

“Que voulez vous pilleurs de trésors ? renoncez à entrer ou il vous en cuira”

Véronica lâcha un petit cri d’effroi et vint se blottir contre son géant.

Béatrice prit l’initiative, persuadée que son hypothèse était la bonne:

“Nous ne sommes pas des pilleurs mais des scientifiques, nous étudions votre formidable civilisation et publions des livres pour la faire découvrir, nous ne volons jamais rien”

Après un silence glaçant “Prouvez le !  … Qui bâtit Cuzco ?”

Ils connaissaient la réponse mais  se tournèrent vers Wiki et sa tablette qui vérifia et répondit:

 “Manco Capac et Mama Ocllo après leur « naissance » dans le lac Titicaca”

La voix “ Bien, très bien ! mais qui fut le plus grand empereur et son fait militaire majeur ?”

Bon là c’était enfantin pour eux, Arnold  répondit immédiatement avec confiance:

”Le 9e Sapa Pachacutec, qui vainquit l’invincible cité du peuple Chimu en les assoiffant”

“Très très bien ! Je ressens votre savoir qui n’a rien à voir avec les 2 pilleurs passés récemment, ils échouèrent à ce test, dommage pour eux ! parfait vous pouvez entrer, ici les savants sont chez eux, mais au moindre geste inamical vous subirez mes foudres”

Aurélien “Rangeons  nos armes avant d’ouvrir, ça pourrait être ça un geste inamical”

François “j’ai dans l’idée que de toute façon nos armes seront sans effet sur ce machin”

Prudente Béa : “Ne rentrons pas tous les 5, ça sera moins agressif, qui se dévoue avec moi”

Wiki “C’est une voix de femme et nous sommes moins impressionnantes que nos hommes, Véronica entrons et faisons connaissance, ils seront à 2 m derrière nous”

Ce plan fut approuvé , Aurélien ouvrit la porte lentement, les 2 filles entrèrent en tremblant…

- Lunabigaël

La pièce était une série de compartiments en pierres dans lesquels étaient logés des petits coffres en pierres eux aussi, oui oui en pierres ! A vue de nez il y en avait bien une centaine de ces petits coffres identiques, d’environ 50 cms de largeur.

Visiblement tout ceci devait être précieux.

Au fond de la pièce, une femme, vétue comme il y a 600 ans des attributs nobles des incas, elle ne disait rien et observait le comportement des 2 visiteuses.

Véronica eu une intuition “Je crois que c’est une divinité” chuchota t elle à Béa

Elle s'agenouilla et baissa la tête, suivie par Béa, après tout dans le doute, … c’est tout sauf inamical “Merci de votre confiance, j’espère que nous en serons dignes, nous ne sommes que des savants passionnées par votre grande civilisation, c’est toute notre vie”

“Je vous crois, en 6 siècles j’ai l’habitude de reconnaitre les gens mal intentionnés, cupides et barbares, depuis ce grand génocide perpétré par les conquistadors qui ont détruit notre Empire.”

Derrière, les 3 hommes attendaient un feu vert pour entrer et s’inquiétaient pour ces dames. En tout cas, leur intelligence et leurs intuitions furent bonnes conseillères quant au comportement adapté, elles avaient réussi un deuxième test.

Béatrice “600 ans ? mais qui êtes vous ? si vous nous permettez cette question insolente ?”

La déesse était convaincue de leur sincérité, elle le sentait, elle le savait, sur un ton doux mais néanmoins ferme : “Relevez vous, votre attitude élégante et respectueuse m’est vraiment inhabituelle de la part des vôtres. Vous êtes tout simplement les premiers qui repartiront vivants.”

Malgré la fraîcheur des lieux, des gouttes de sueur parcouraient leurs échines et perlaient sur leurs fronts, ils avaient tous conscience d’avoir échappé à la mort ! Elles se relevèrent avec déférence en gardant la tête baissée.

“Je suis Lunabigaël, gardienne des coffres, je suis née un jour d’éclipse, façonnée par le Dieu soleil avec de la poussière de Lune. Je suis la fille des 2 astres et j’ai été créée pour préparer notre renaissance. Quand votre immonde civilisation décadente et destructrice s'effondrera sur elle même, je donnerai naissance au nouveau Sapa qui rebatira notre Empire.”

rem: les propos de Lunabigaël seront précédés de
Véronica et Béatrice n’en croyaient pas leurs oreilles, ni leurs yeux, mais n’avaient nulle envie de vérifier si tout cela était un conte, car les 2 explorateurs précédents avaient bien disparu ici.

Véro “Enchantée de vous rencontrer, fille du soleil et de la lune, comment doit-on vous appeler ? Votre altesse, votre majesté ? Que nous soyons toujours respectueuse.”

 Lunabigaël sur un ton devenu amical “Vous êtes d’une très grande valeur morale, vous me plaisez, appelez moi juste Noble Abi. Et vos hommes peuvent rentrer, s’ils n’ont pas trop peur”

Le trio pénétra prudemment en restant à distance et en hochant la tête en guise de remerciement et de respect, il restèrent cependant à proximité de la porte.

Arnold  prit la parole “Noble Abi, quel est cet étrange endroit ? il ne ressemble à aucun de vos innombrables et majestueux temples de la surface, car celui-ci est enterré.”

“Mais ce sera à vous de le découvrir, parcourez le, explorez en chaque niveau scrupuleusement, et ramenez moi mon sceptre qu’un démon m’a volé. Si vous y parvenez je vous révélerai quelques secrets et surtout nous serons alors amis… Partez maintenant !”

Ils ne se firent pas prier et sans mot sortirent, la porte se referma aussitôt avec un grand  fracas.

ils s’éloignèrent machinalement et durent s’asseoir, car il n’y avait plus de sang ni dans leurs jambes, ni dans leurs têtes. Avouons que ce n’est pas quelque chose à laquelle on est préparé,  ils se demandaient même s’ils n’avaient pas eu une hallucination collective.

François  brisa le silence : “Nom de Zeus, une divinité de de 600 ans, c’est à peine croyable”

Aurélien “Bon alors que fait on ? on doit revoir tous nos plans là ?”

 La voix de Lunabigaël répondit à ses interrogations: